Elle criait à l'aide pour obtenir "la vérité", le procureur y répond. Depuis quelques jours, la famille d'Aymeric [1], ce jeune homme dont le corps a été retrouvé en partie calciné le 11 décembre, en contrebas d'une colline dans un lotissement de Dumbéa, implorait les autorités de rouvrir l'enquête sur les circonstances de cette disparition. Il n'en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s'emparent de cette affaire.
Le procureur de la République de Nouméa confirme que cet agent de sécurité de 25 ans avait été découvert, par "un pompier qui faisait une promenade", grièvement blessé et présentant de "graves brûlures sur la partie basse de la tête et sur l'abdomen". Les gendarmes s'étaient transportés sur les lieux où ils avaient découvert "un bidon contenant du carburant, deux sprays désodorisants et deux briquets". Aymeric était transporté au Médipôle. Son décès était constaté à 11h40.
Le parquet avait ouvert une enquête pour déterminer des causes de cette mort. Les enquêteurs de la compagnie de Nouméa avaient interrogé le pompier qui avait raconté qu'Aymeric, conscient lorsqu'il l'a découvert, lui avait déclaré : "J'ai joué avec de l'essence et un briquet, j'ai mal, j'ai mal". Le voisinage et les connaissances de la victime avaient également été entendus. "Un second témoin, résidant dans le lotissement, avait aperçu l'homme s'éloigner seul vers la colline à 8 heures, en portant un bidon à la main. Un autre témoin a pu indiquer que plusieurs semaines avant les faits, l'homme avait essayé, à son domicile, d'allumer un flacon désodorisant au moyen d'un briquet", annonce le procureur.
Une autopsie puis une scanographie permettaient de conclure à une mort accidentelle "probable, consécutive à une inhalation d'un embrasement avec des brûlures très localisées au niveau de la zone haute de l'œsophage et une propagation de flammes et de suie au niveau des voies aériennes". "L'intervention d'un tiers dans le processus d'embrasement", poursuit Yves Dupas, étant exclue par les investigations médico-légales. Le 4 mars, trois mois après la mort d'Aymeric, le parquet a décidé de classer sans suite cette procédure "au motif de l'absence d'infraction".
Alors que de la gendarmerie est accusée par certains internautes d'avoir étouffé l'affaire, Yves Dupas salue au contraire le travail d'enquête "conduit de manière conforme et complète". À la famille d'Aymeric qui a évoqué "un dossier étrange" aux "zones d'ombre", le magistrat rappelle qu'elle a été "informée de cette décision" et que "leur avocat exerçant en Métropole a reçu courant mars une copie intégrale de la procédure. Depuis cette communication de pièces, ce conseil n'a formulé auprès du parquet de Nouméa aucune demande particulière ou observation complémentaire".
Pour autant, comprenant "quelles peuvent être les interrogations des membres de la famille, quant à sa situation manifestement dégradée dans les quelques mois précédant sa mort, son probable mal-être et les zones d'ombre entourant certaines de ses relations" et que "leur éloignement géographique peut amplifier leur incompréhension sur des éléments ressortant de la procédure", le procureur Yves Dupas a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire "en recherches des causes de la mort" pour "répondre aux attentes de cette famille".
Concrètement, un juge d'instruction est désormais saisi. De nouvelles investigations vont donc être lancées mais rien n'indique, à ce stade, qu'elles ne rejoindront pas la même conclusion que l'enquête préliminaire.
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[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/grand-noumea/dumbea/faits-divers/justice/six-mois-apres-la-mort-d-aymeric-a-dumbea-sa-famille-veut-rouvrir-l-enquete
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