Sur les bords de la Néva, les hommes de Roberto Martinez ont été solides mentalement. Privés de leur star Kevin De Bruyne, sans Eden Hazard au coup d'envoi, les Belges ont en effet affronté un stade hostile, qui les a sifflés quand ils ont mis un genou à terre en signe de protestation contre les discriminations, avant le coup d'envoi.
Pourtant, malgré les vents contraires, sur le terrain, tout est allé dans le sens de la Belgique, qui n'a pas tremblé. Comme un symbole, Romelu Lukaku a été le héros du match, avec un doublé qui le lance dans la course pour être le meilleur buteur de la compétition.
Le puissant avant-centre a ouvert le score à la suite d'une énorme erreur du défenseur Andrei Semenov, sur la première occasion belge du match (10e).
En fin de partie, il a scellé le 3-0 (89e) sur sa seconde tentative du match, lancé par Thomas Meunier. "Big Rom" en est à 62 buts en 93 sélections. Impressionnant pour un joueur qui a seulement 28 ans.
Entre-temps, Meunier a fait le break (34e) en profitant d'une nouvelle maladresse russe, cette fois de la part du gardien Anton Shunin, qui a boxé le centre de Thorgan Hazard dans les pieds de l'ancien Parisien, étrangement seul. L'arrière droit était entré quelques minutes plus tôt (27e), après la blessure de Timothy Castagne, victime d'un choc tête contre tête avec Daler Kuzyaev. Le joueur de Leicester souffrirait de la pommette, selon la télévision belge.
À Saint-Pétersbourg, la Belgique a montré une efficacité clinique qui pourrait l'emmener loin dans ce tournoi.
Après l'Italie, dominatrice contre la Turquie (3-0) samedi à Rome, voilà qu'un deuxième favori tient son rang. Certes, les Diables n'ont pas eu à forcer leur talent face à une équipe russe décevante, rarement dangereuse avec le ballon. Seuls Mario Fernandes (2e) et Artem Dzyuba (38e), de la tête, ont fait naître des frissons aux 26 264 spectateurs de l'enceinte, limitée à une jauge de 50 %.
Après la première journée du groupe B, tous les voyants sont donc au vert pour la Belgique, qui jouera vendredi matin à Copenhague, contre le Danemark, pour se qualifier pour les 8es de finale.
Le retour attendu dans le groupe des milieux De Bruyne (fractures au visage) et Axel Witsel (tendon d'Achille) laisse entrevoir la montée en puissance d'une équipe qui ne cache pas son ambition de titre. L'une des dernières interrogations concerne l'état de forme du milieu offensif du Real Madrid, Eden Hazard, remplaçant au coup d'envoi parce qu'il manque de rythme, en raison des blessures qui ont pourri sa saison. Alors qu'il n'a joué que dix minutes durant la préparation, le numéro 10 est entré à la 70e minute à la place de Dries Mertens. Sa volonté de faire la différence à chacune de ses prises de balle a rappelé tout le talent de l'ancien Lillois, qui a fini la rencontre avec le brassard de capitaine, après la sortie de Vertonghen.
Comme son équipe, s'il a encore besoin de temps pour retrouver son meilleur niveau, au moins a-t-il gagné le luxe de continuer à travailler dans la sérénité.