Le 7 juillet dernier, Josia n'est pas le seul à avoir eu des sueurs froides. Le chef d'atelier a passé la journée à tenter de résoudre une panne sur la rotative, à l'arrêt. Impossible, dans ces conditions, d'imprimer le journal. « On est parvenu à diagnostiquer le problème sans pouvoir le résoudre le premier jour, explique le patron de la « roto ». Quand on a terminé à 1h30 du matin, honnêtement, plus personne n'avait le moral. Pour nous, c'était impensable de ne pas sortir de journal. » Quelques heures de sommeil plus tard, Josia est en liaison avec une société néo-zélandaise pour trouver une solution à cette panne, sur cette presse de fabrication américaine. Le lendemain, la machine repartait après une réparation astucieuse. « J'ai appliqué ma méthode mécanique sur un problème d'origine électronique. »
Ce n'est pas la première fois que Josia dénoue une situation qui semble inextricable. Il lui est par exemple arrivé de façonner lui-même une pièce en fer plat pour remplacer une clavette qui avait lâché. « Le problème de ces grosses machines, c'est qu'on dépend complètement de l'extérieur. Si on n'a pas la pièce de rechange en stock, il faut la faire venir en urgence en avion. Et ça chiffre très vite... » D'où le recours, quand c'est possible, au système D...
Cette débrouillardise et cette assurance, Josia, reconnaissant, les met sur le compte du savoir transmis par les anciens, lorsqu'il travaillait aux IRN (Imprimeries réunies de Nouméa), avant de se former à la maintenance et d'évoluer. « Je dois être l'un des derniers à avoir commencé comme mécano. À l'époque, on apprenait sur le tas puisqu'il n'y avait pas d'école. » Ce précieux savoir, il tâche à son tour de le transmettre autour de lui... jusqu'à aller dépanner des concurrents qui le sollicitent. « Ça ne sert à rien de se tirer dans les pattes puisqu'on est les derniers à savoir utiliser des rotatives... On est presque des survivants d'une époque... »