Sur l’île de Lifou, les trois centres d’hébergement déployés à Wé, Luecila et Xépénéhé peuvent accueillir jusqu’à 450 personnes.
Alors que le temps se dégrade progressivement depuis le milieu de la matinée, à l’approche de Ruby [1], les familles sont de plus en plus nombreuses à faire le choix de quitter leur habitation. "Depuis le passage de Donna, en 2017, qui a fait de nombreux dégâts, les gens ont été frappés par l’ampleur du cyclone et la population a pris conscience du danger de ces phénomènes, estime Martin Hulicia Wazizi, secrétaire général de la mairie. Beaucoup plus de monde se rend dans les centres d’hébergement désormais."
Ce mardi matin, vers 10 heures, une quarantaine d’habitants, dont de nombreux enfants, avaient déjà trouvé refuge (depuis la veille pour certains) à l’internat du collège Laura Boula, de Wé. "On s’attend à avoir encore du monde au fur et à mesure que le temps s'empire. Les gens attendent souvent la dernière minute et les premiers vents forts, explique Benjamin Hanyé, le directeur de la structure, qui a prêté son propre logement pour que les gens puissent cuisiner leur repas. Les familles s’organisent elles-mêmes et une solidarité se crée vite entre elles. "
En période de crise sanitaire, du gel est disposé à l’entrée des dortoirs et le rappel des gestes barrières est indiqué à tous les nouveaux arrivants, "même si on ne peut pas être derrière eux sans cesse", sourit Benjamin Hanyé.
Parmi ces groupes de réfugiés d’un jour, la Covid semble désormais bien loin dans les esprits. Au cœur de leur préoccupation : l’approche de Donna et les premières rafales annonciatrices de l’arrivée du phénomène. "On voit les images tourner sur les réseaux sociaux dans le Nord. C’est très inquiétant, glisse Oliva Siapo, qui vient mettre en sécurité ses trois enfants au collège pour la deuxième fois. En février, lors du passage de Lucas, on n’a pas regretté de s’être réfugiés ici, tant on a eu de dégâts à la maison. Avec le vent, les tôles finissent par s’envoler et notre case est fragilisée, alors pour Ruby, on ne s’est même pas posé la question. "
Aucune hésitation, non plus, pour Daphnay Wananije, de Wé. "On a eu la très mauvaise expérience de Donna qui nous a fait très très peur. On habite dans une maison en dur, mais malgré tout, le vent commençait à soulever le plafond et le toit, se souvient cette maman de deux enfants. On est tous venus en famille et ça nous rassure de surmonter ça tous ensemble. On se sent plus forts. "