C’est une victoire d’une drôle de saveur. Vendredi matin, aux premières lueurs du jour, après une nuit de négociations menée au Congrès, avec trois membres de l’Éveil océanien et le président de l’institution, Roch Wamytan, les trois chambres consulaires et les organisations patronales ont obtenu un accord. Il scelle une voie de sortie du conflit qui les opposait au parti Éveil océanien contre la réforme du Ruamm.
Concrètement, le texte prévoit la création d’une "commission spéciale chargée de la réforme globale de la santé et de la protection sociale en Nouvelle-Calédonie". Elle sera présidée par l’élu Milakulo Tukumuli et réunira tous les groupes politiques représentés au Congrès, les présidentes des commissions santé et protection sociale et de la fiscalité du Congrès, les membres du gouvernement en charge de la santé et du suivi des comptes sociaux ainsi que les acteurs économiques, l’interpatronale, l’intersyndicale et les chambres consulaires. Une instance qui apportera au plus tard au 31 décembre 2023, "des réponses concrètes et soutenables à l’équilibre du Ruamm", détaille l’accord.
Bien qu’épuisés après une nuit de négociation, les membres du collectif se sont dits "satisfaits" de cet accord. Il ne répond pourtant pas aux demandes initiales du collectif. Les chambres consulaires et organisations patronales plaidaient pour un retrait du texte au Congrès et une reprise en main du sujet par le gouvernement. Aucune des deux revendications n’a abouti. La proposition de loi du pays reste sur le bureau du Congrès et sera votée par ses élus. "Les deux partis ont dû faire des compromis", admettait le président de la Chambre de l’agriculture et de la pêche, Jean-Christophe Niautou à la sortie des négociations.
La principale innovation de l’accord réside dans l’ajout des chambres consulaires autour de la table des discussions. "Les organisations patronales étaient déjà conviées à ces groupes de discussion, mais elles ont beaucoup joué au jeu de la chaise vide", regrette Milakulo Tukumuli. Et de poursuivre : "c’est une première, les chambres consulaires ne sont pas, en temps normal consultées dans ce cadre. J’ai dessiné une porte de sortie du conflit". Pour sa part, la tête de file du groupe Éveil océanien poursuit les réunions d’information partout dans le pays.
Le plus souvent, les projets de loi du pays émanent du gouvernement, le congrès valide ou non. Cette fois, il s'agit d'une proposition de texte proposée par l'Éveil océanien et permettant aux élus du Congrès de formuler des propositions. Le texte a été soumis au conseil du dialogue social (CDS), au Cese, au conseil d'État et enfin au conseil d'administration de la Cafat. Au Cese, l'ensemble des partenaires, les organisations patronales par exemple, siège. "L'interpatronnale a répliqué en pointant la dangerosité du texte lors d'une conférence de presse, explique Milakulo Tukumuli, l'intersyndicale était d'accord pour discuter et faire évoluer le texte."