Des informations peu ou pas actualisées, une absence de données et un manque de coordination. C’est, en substance, les conclusions dressées par la chambre territoriale des comptes (CTC) au sujet de l’offre sanitaire et médico-sociale de Nouvelle-Calédonie. L’instance calédonienne s’est penchée sur la gestion et les comptes de la direction des affaires sanitaires et sociales à compter de l’exercice 2018. "Le dispositif d’observation de l’état de santé est lacunaire, tant sur le plan sanitaire, social que médico-social", introduit la CTC dans son rapport, publié lundi 2 octobre.
Elle pointe notamment les promesses non tenues du plan Do Kamo, qui prévoyait l’élaboration d’un "dispositif d’observation de l’état de santé des Calédoniens" et l’identification des patients par la création d’un numéro calédonien de santé. La chambre "constate que ces ambitions n’ont pas été mises en œuvre et appelle, par ses recommandations, à poursuivre les actions en ce sens".
Le taux de prévalence particulièrement bas des personnes en situation de handicap en Nouvelle-Calédonie (3,7 %) par rapport à celui de l’Hexagone (18,5 %) fait également douter la CTC sur la bonne tenue des chiffres calédoniens. Elle invite ainsi le gouvernement à mettre en place un dispositif statistique d’évaluation actualisée sur le sujet.
Autre mise à jour nécessaire : la carte sanitaire et les schémas d’organisation de la Nouvelle-Calédonie, qui n’ont pas été actualisés "depuis 2016" fait remarquer la chambre. Par ailleurs, bien qu’elle salue l’enquête "Cadre de vie et sécurité" menée en 2021 sur les violences conjugales, l’instance déplore le manque de coordination des organismes intervenant en faveur des victimes. "Les partenariats sont peu développés et souffrent d’un manque de mutualisation des moyens et des bonnes pratiques." Elle souligne qu’un maillage plus équitable des structures d’accueil serait également nécessaire.
Dans la suite de son rapport, la chambre territoriale des comptes fait aussi état d’un manque important de données concernant les dépenses de santé. Elle "invite la Nouvelle-Calédonie à renforcer sa capacité à collecter et consolider l’ensemble des données nécessaires".
Pour finir, elle se penche sur la constitution de la direction des affaires sanitaires et sociales, dont la nouvelle organisation entrée en vigueur en juillet 2022 n’était toujours pas effective fin novembre 2022. "La chambre recommande donc de clarifier sans délais l’organisation de la direction." Un travail juridique serait également nécessaire pour uniformiser le droit de la santé du territoire, rendu brouillon par la multiplication des assemblées capables de le modifier (provinces, congrès, gouvernement).
La chambre territoriale des comptes a ainsi dressé une liste de neuf recommandations visant à améliorer la direction des affaires sanitaires et sociales.