Lorsqu’une personne subit un arrêt cardiaque, chaque minute qui passe sans intervenir réduit de 10 % ses chances de survie. D’où l’importance de prendre en charge la victime le plus rapidement possible. Mais encore faut-il avoir les bons réflexes et savoir comment réagir en adoptant des comportements appropriés, notamment quand la panique monte.
C’est pourquoi bénévoles et secouristes ne cessent de le répéter : il est essentiel que chaque Calédonien puisse être initié aux gestes qui sauvent. Selon les pompiers, dans les cas d’accident domestique, les chances de survie d’une victime augmentent de 80 % lorsque la prise en charge a été maîtrisée en primo intervention, c’est-à-dire jusqu’à l’arrivée des secours.
Autre chiffre édifiant : en France, les experts estiment que près de 20 000 décès pourraient être évités chaque année si davantage de personnes étaient formées à cette prise en charge. Actuellement, seul un tiers de la population nationale a déjà bénéficié de ces initiations.
Pourtant, des formations sont aujourd’hui accessibles à travers toute la Nouvelle-Calédonie. La Croix-Rouge en propose d’ailleurs gratuitement, en partenariat avec la fondation Groupama-Gan Pacifique. Chaque mois, pendant deux heures, les bénévoles de l’association montrent aux volontaires comment adopter ces précieux "gestes qui sauvent".
Mais avant de porter assistance à une victime, la priorité est de ne pas se mettre à son tour en danger. Et pour ce faire, l’association met en avant des exemples concrets : si vous êtes témoins d’un accident de la route, sécurisez le périmètre et/ou vérifiez la circulation, notamment lorsque le véhicule se trouve dans un virage, avant d’intervenir. Autre situation : coupez l’alimentation de la scie électrique avant de porter assistance à la personne qui s’est blessée avec cet outil. Autant de règles de bon sens qui ont tendance à être oubliées dans le feu de l’action.
"Ces formations commencent déjà par apprendre à se protéger pour éviter le suraccident. Cela arrive notamment sur la route quand on n’a pas pris conscience du danger aux alentours ", précise Michel Rigot, bénévole à la Croix-Rouge.
Ces initiations présentent ensuite les réflexes à avoir en fonction des situations : comment bien alerter les secours et se faire guider à distance ; que faire en cas de saignement abondant ; dans quelle position installer la victime qui a perdu connaissance et ne respire pas ; comment réaliser un massage cardiaque avec utilisation du défibrillateur, etc.
" C’est une manière de rassurer les citoyens qui craignent d’être démunis le jour où ils doivent porter secours. Tout le monde peut le faire dès l’âge de 10 ans. Les enfants se posent d’ailleurs moins de questions que les adultes et ça fonctionne très bien, assure le bénévole. Il s’agit de prendre conscience de ce qu’on est capables de faire. On espère que les participants deviendront à leur tour des ambassadeurs auprès de leurs proches afin que ces initiations fassent tache d’huile et qu’on tende vers un changement de mentalité. Ce sont des situations qu’on ne veut pas vivre, mais elles sont surmontables quand on connaît certains gestes simples."
Au cours de la dernière session organisée par la Croix-Rouge, à Nouméa, Maurice Baro a spécialement fait le déplacement depuis Boulouparis.
"J’avais appris ces gestes il y a plus de vingt ans, donc je voulais me remettre dans le bain, explique ce sexagénaire. Comme je vis isolé et que j’ai des personnes encore plus âgées que moi dans le voisinage, ça me rassure de suivre cette formation. Je pense d’ailleurs que ça devrait être obligatoire. Et ce, dès l’école."
D’autres ont profité des intempéries pour s’inscrire à la dernière minute. C’est notamment le cas de ce groupe d’ouvriers agricoles sur une propriété d’élevage de Dumbéa rivière.
"On ne pouvait pas travailler avec la pluie alors le patron nous a proposé de venir suivre cette initiation. C’est bien parce que sinon, on se dit qu’on a toujours quelque chose de plus important à faire, concède Dylan, 28 ans, qui reconnaît l’importance de ces formations. C’est toujours utile, notamment dans les métiers manuels où les accidents arrivent si vite. Je me suis par exemple déjà planté un sabre d’abattis dans le pied et un collègue s’est également blessé le pied, mais avec une tronçonneuse. Une autre fois, je suis tombé de cheval et j’ai eu un léger traumatisme crânien avec perte de connaissance pendant quelques secondes. Heureusement, ce n’était pas très grave, mais si mes collègues avaient été formés ce jour-là, ils auraient mieux su me prendre en charge."
Les prochaines sessions organisées par Groupama-Gan Pacifique et la Croix-Rouge auront lieu le 4 octobre, à Nouméa ; le 14 décembre à Poindimié ; le 19 décembre, à Maré. Elles sont gratuites et ouvertes à tous sur inscriptions sur le site gestesquisauvent.nc [1]. Une plateforme en ligne qui propose également de nombreuses informations et tutoriels pour apprendre à intervenir selon la nature de l’accident.
Car ces initiations ne sont qu’une "première étape". D’autres associations agréées par la Sécurité civile peuvent dispenser des formations plus poussées. Parmi elles, l’Union des sapeurs pompiers proposera, à partir de décembre, des sessions " prévention et secours civique de niveau 1 et 2" (PSC1 et 2). Elles seront payantes et ouvertes à tous.