Déjà hier après-midi, les représentants d’Agissons Solidaires le répétaient [1] : ils voulaient aller jusqu’au bout des discussions sur la réforme du Ruamm afin d’éviter un nouveau conflit dans la rue. Et la réunion qui a mis autour de la table, ce mardi, le collectif qui regroupe les principales organisations patronales (Medef, CPME et U2P), les chambres consulaires et le syndicat des rouleurs du BTP, avec les élus porteurs de ce projet, dont l’Éveil océanien, a finalement porté ses fruits.
Les membres d’Agissons solidaires ont convenu, à l’issue de cet échange, de poursuivre les discussions et d’annuler la mobilisation, envisagée ce mercredi, jour d’examen de la réforme du Ruamm par le Congrès.
"Il reviendra demain aux élus du Congrès de se positionner favorablement ou non en faveur du vote de la loi du Pays susceptible d’entériner le cadre général d’une réforme du Ruamm", indique le collectif par voie de communiqué qui précise sa position : "les différentes récentes sessions de travail les 12, 13 et 17 octobre, ont permis de dégager des premiers éléments de compromis et de consensus. Plusieurs amendements, déposés ce jour au Congrès, viendraient ainsi compléter ou amender les dispositions initiales des textes, suivant ainsi plusieurs de nos recommandations ou propositions."
En ce qui concerne la "ligne rouge" à ne pas franchir pour le collectif, à savoir passer à un taux de cotisation unique de 13,5 % pour l’ensemble des patentés, le titre de la loi serait modifié. Celui-ci ferait désormais référence à la " modernisation " des taux de cotisation en lieu et place d’une " homogénéisation " de ceux-ci, ce qui "laisserait la porte ouverte aux discussions en cours ", estime le collectif.
De manière complémentaire, un amendement viendrait préciser que l’abattement de charges sociales pour les secteurs aidés devrait être plafonné à un seuil de 36 SMG (salaire minimum garanti) annuels. Au-delà, "les dispositions d’abattement seraient abrogées".
" Ces avancées, si elles sont confirmées, seraient la manifestation d’un dialogue pleinement engagé, poursuit le collectif. Celui-ci devra impérativement se poursuivre dans les tout prochains jours pour trouver un consensus quant aux points qui achoppent encore ou quant à des propositions qui demandent consolidation. "
De son côté, Milakulo Tukumuli, leader de l'Eveil océanien, l'assure : les "travaux" sur cette réforme "ne sont pas finis". "Notre état d'esprit est de poursuivre ces discussions (une fois le texte adopté au Congrés) car les difficultés reposent dans la délibération et non pas dans la loi du pays, qui pose un cadre. Cela signifie que l'ensemble des amendement pourront ensuite être réexaminés, plus tard, en groupe de travail."
Dans un communiqué publié ce mardi 17 octobre, onze syndicats représentatifs des professionnels de santé font état d’une "colère palpable" qui se fait sentir au sein de leurs différentes professions.
"Matraquage fiscal", "vision uniquement comptable", "lourdeur administrative"… À la veille de l’examen du texte sur la réforme du Ruamm, ils évoquent des éléments "qui pèsent sur l’attractivité de notre territoire, entravent l’exercice de nos professions et empêchent la population de bénéficier d’un suivi de santé de proximité qualitatif".
Face à l’échec des "tentatives de discussions raisonnées", les organisations représentatives appellent les professionnels de santé à se mobiliser à travers une "opération brassards noirs", mercredi 18 octobre, et annoncent maintenir la manifestation, prévue de 11h30 à 14 heures devant le Congrès, malgré l'annulation de la mobilisation par le collectif Agissons solidaires.
Les syndicats font également part de plusieurs demandes auprès des autorités : "une augmentation annuelle des dépenses de santé", l’inclusion des acteurs de terrain dans un conseil dédié à la santé, le retrait du texte sur la réforme du Ruamm, l’organisation d’une rencontre avec le gouvernement et le Congrès, un plan d’actions pour remédier à la désertification sanitaire et la nomination d’un chef de projet pour la mise en place d’un numéro unique et d’un système d’information centralisé.
"Il est temps de remettre le patient au centre du dispositif, de ne plus envisager la santé sous une vision purement comptable, et d’être à l’écoute des praticiens de santé qui sont au contact de la population tous les jours."