Si le projet de loi sur la réforme du Ruamm capte toute l’attention ces derniers jours, il est un autre texte qui attise la colère : l’Objectif calédonien d’évolution des dépenses de santé de l’assurance maladie (Oceam). Quelques heures avant son examen au Congrès, mercredi 18 octobre, une quinzaine de membres du collectif des professionnels de santé, regroupant les six syndicats libéraux, se sont réunis boulevard Vauban pour faire part de leurs préoccupations sur l’avenir du système de santé calédonien.
Dénonçant une "vision purement comptable" des politiques menées en matière de santé, ces derniers s’inquiètent de dépenses qui progressent peu. "Il y a un vieillissement de la population et une évolution des prises en charge, donc les dépenses doivent forcément augmenter", insiste Marie-Laure Gaudillier, présidente du syndicat des médecins libéraux. Le montant de l’Oceam en 2023 a été porté à 77,3 milliards de francs, soit une augmentation de 2,7 milliards en deux ans.
Pas assez, selon le collectif. Les syndicats demandent au gouvernement de s’engager en 2024 vers une augmentation annuelle des dépenses de santé "à la hauteur des enjeux et des besoins des Calédoniens". Cela passe aussi par une meilleure rémunération des professionnels de santé. "Il faut financer l’attractivité du territoire, ce qui signifie payer suffisamment les soignants, alors que nous n’avons connu aucune revalorisation ces quinze dernières années", poursuit la présidente du syndicat des médecins libéraux.
"Le système de santé calédonien n’a aucun avenir", assène quant à lui François Delboy, vice-président du Syndicat des infirmiers à domicile (Siad) pour qui le "copié-collé du système français" sur le territoire serait en train de mener les professionnels à la faillite. "Le gouvernement décide de ne plus investir dans la santé, il n’y a pas de prévention, pas d’éducation aux patients, autant d’actes qui devraient être pris en charge. Tout va dans la mauvaise direction." Malgré de "nombreuses tentatives de discussions" avec les instances, les professionnels de santé ont le sentiment de ne pas être entendus, ni même écoutés. "On fait face à de véritables difficultés pour communiquer avec nos décideurs", déplore Marie-Laure Gaudillier.
Ils ont mis fin à leur mobilisation peu avant 14 heures. Au même moment, les élus du Congrès se rassemblaient pour une séance aux enjeux élevés.