Comment doit réagir Élisa, quand Léo lui somme de débarrasser la table, une tâche qui incomberait aux filles selon le jeune garçon ? Le curseur de la souris parcourt les différentes propositions, guidé par la main hésitante d’une élève. "Élisa tient tête à Léo" ? Bonne réponse. Le jeu peut continuer.
Une douzaine d’élèves de l’école Edmond-Brosse, à Kaméré, ont testé ce mardi 31 octobre la version finale D’égal à égale, un jeu vidéo sur lequel les conseillers municipaux juniors de la ville ont travaillé durant leurs deux années de mandature.
Dans un décor largement emprunté à l’univers des premiers opus du célèbre jeu japonais The Legend of Zelda, les joueurs sont embarqués dans quatre aventures en monde ouvert pour chasser "les stéréotypes de genre", présente Corinne Ousset, coordinatrice des actions éducatives à la ville de Nouméa.
"À l’origine, les conseillers municipaux juniors voulaient travailler sur la thématique du harcèlement, mais on s’est rapidement rendu compte que le style de harcèlement qui revenait le plus était lié aux genres." L’idée d’un jeu vidéo sur l’égalité femmes-hommes prend forme début 2022. À chaque période de vacances scolaires, les conseillers et les coordinatrices se retrouvent pendant une semaine pour élaborer les scénarios et les personnages. Soane Carré, à la tête de la société Kokofoo, est chargé de la partie technique et du développement du jeu. "C’était un boulot énorme", salue Corinne Ousset.
Après un an et demi de travail, D’égal à égale sort finalement sur les écrans et va être testé dans douze écoles pilote de Nouméa d’ici fin novembre. Une "fierté", pour Krysta, 11 ans, et Pablo, 10 ans, tous les deux conseillers municipaux juniors et élèves de CM2 à Edmond-Brosse, venus présenter leur création à leurs camarades. "J’ai vraiment adoré réaliser ce projet, c’est un vrai soulagement qu’il soit terminé, nos efforts ont été récompensés", se félicite Krysta. Pablo, lui, voit dans ce jeu l’opportunité de montrer aux élèves "l’importance de l’égalité entre les femmes et les hommes et le besoin de s’entraider".
À travers ce divertissement, les équipes de la ville et les enseignants espèrent en effet "déclencher les discussions avec les élèves autour des stéréotypes de genre", explique Corinne Ousset. Des ressorts ludiques pour aborder un sujet sérieux. "Le jeu vidéo est un vrai vecteur", à l’efficacité maintes fois prouvée chez le jeune public.
D’ici la fin de l’année, les élèves des douze écoles pilote doivent faire part de leurs premières impressions et des potentiels bugs que pourrait rencontrer le jeu. À la rentrée prochaine, D’égal à égale sera distribué à l’ensemble des écoles du territoire.