"C’est une victoire collective. Merci à chacun de vous pour votre soutien depuis le début". Ce sont les premiers mots de O’omaka Gendron, quelques minutes après son couronnement. À 26 ans, la nouvelle ambassadrice transgenre représente fièrement les Marquises, archipel dont elle est originaire. Elle participera à l’élection Miss T France, en mars.
Au cours des trois mois de préparation, O’omaka a reçu beaucoup de soutien de la part de sa famille mais aussi de sa communauté sur les réseaux sociaux. Un renfort considérable puisque c’est le vote du public qui a départagé les deux grandes favorites du concours, O’omaka et Heiva : "O’omaka était en tête des votes du public. Heiva avait son charme, elle avait tout pour gagner sauf que l’audience a choisi sa Miss Trans", précise Eva Ariitai, qui représentait Priscille Yersin la présidente du jury, absente à la soirée.
Heiva Leprado, qui a par ailleurs remporté un prix du meilleur costume traditionnel, n’est "pas du tout déçue" mais "très heureuse". De l’émotion et une immense gratitude envers les personnes qui l’ont soutenue depuis le début de l’aventure. "Je me sens déjà comme une miss à travers ce titre de première dauphine. J’ai un rôle particulier, avec des responsabilités. Cela va également me permettre de soutenir les nouvelles candidates de la prochaine promotion", confie-t-elle.
Leifa Nasser, autre favorite du concours, est aussi "très heureuse" de son titre de Miss Trans Heiva. La compétition a été "rude" et la jeune femme s’étonne de finir parmi les quatre finalistes. "Mon objectif est de promouvoir notre culture et notre langue. Au terme de cette élection, je suis devenue une nouvelle femme, plus rien ne me fait peur et je pense que dorénavant, je peux tout faire !", dit-elle.
Elles ont promis de nous "éblouir" et l’objectif a été atteint. Les sept prétendantes au titre ont démontré, aux "haters" polynésiens, qu’une femme transgenre mérite amplement sa place dans la société. Dès les premières minutes du show, les "déesses" ont accueilli l’audience par une ouverture rythmée aux mélodies orientales.
Tableau après tableau, elles ont valorisé leur morphologie authentique. À commencer par le passage en tenue traditionnelle, coup de cœur de la soirée, où le savoir-faire polynésien a véritablement séduit le public.
Pas de questions-réponses, mais une succession de prestations de danse, pour faire patienter le public, alors que le jury continuait de délibéré en coulisses.
En dépit des désagréments, l’important est qu’une nouvelle image de la communauté a été documentée lors de cette soirée. Loin des reportages de harcèlement ou de prostitution, cette élection a été une énième opportunité de porter un message d’amour et de tolérance.