Avril 2023. Présente en France pour y disputer le tournoi international U16 de Montaigu, l’équipe de Nouvelle-Calédonie est en route pour l’entraînement. Sur le chemin, le chauffeur est bavard. Un an après avoir conduit le véhicule de la délégation brésilienne, il n’a qu’un nom à la bouche : "Endrick". Serré à l’arrière, le jeune Nolhann Alebate boit le récit que leur fait le conducteur sur le jeune Brésilien et se met à rêver de pouvoir un jour se frotter aux stars auriverde en devenir.
Cinq mois plus tard, le tirage au sort de la Coupe du Monde U17 2023 a parlé : la Nouvelle-Calédonie affrontera le Brésil dans le Groupe C. Pour sa deuxième apparition au Mondial U17, la sélection d’Océanie a tiré le gros lot, six ans après avoir défié la France. Certes, Endrick ne sera sans doute pas là, mais cela importe peu pour Nolhann Alebate. "Le Brésil, on se dit qu’il y a peut-être de futurs Neymar dans leur équipe", avance-t-il, plein d’excitation dans un entretien accordé avec la Fifa.
Quels que soient les joueurs de la Seleção alignés face à lui le 14 novembre, le jeune homme se sent déjà comblé et fier de pouvoir participer au tournoi. "Jouer une Coupe du Monde à 17 ans, c’est un rêve d’enfant", clame-t-il. "Nos grands frères avant nous ont déjà joué le Mondial U17 en 2017. On est la seule catégorie calédonienne à s’être qualifiée pour une Coupe du Monde. Les grands, les garçons comme les filles, ont toujours échoué, les U19 également."
Si les U17 calédoniens ont droit à un deuxième tour de piste dans la compétition, ils doivent une fière chandelle à Nolhann Alebate. Lors du Championnat U17 de l’OFC 2023, tournoi qui faisait office de qualifications pour le Mondial, le jeune joueur de Hienghène Sports a brillé de mille feux en inscrivant trois buts et en distribuant deux passes décisives. "Je ne m’attendais pas à être aussi décisif lors du tournoi", reconnaît le joueur. "Je me suis surpris moi-même, mais j’étais très content à l’arrivée."
Si la Nouvelle-Calédonie a buté sur la Nouvelle-Zélande en phase de poules (3-2) comme en finale (1-0), le fait d’être finaliste lui a permis de glaner un ticket direct pour l’Indonésie. Malgré la déception du dernier match, Nolhann Alebate s’est quant à lui consolé avec le trophée de meilleur joueur du tournoi. "Quand on m’a dit que le trophée était pour moi, je n’y croyais pas, ça m’a beaucoup surpris", poursuit l’attaquant, plein d’innocence. "Je le conserve précieusement avec celui de meilleur joueur du match que j’ai glané lors de la rencontre contre les Samoa en quart de finale (4-0)."
Sur les terrains depuis l’âge de 5 ans, poussé dans la discipline par un père lui-même adepte du ballon rond et qui évolue encore aujourd’hui comme milieu de terrain, l’international U17 a toujours eu le sens de la percussion. "J’ai toujours aimé dribbler", raconte-t-il. "Avant, mon coach devait sans cesse me dire de me calmer sur le terrain car je ne pouvais pas m’empêcher de courir partout (rires). Maintenant, j’ai appris à rester à mon poste."
Avec tout l’avenir devant lui et du talent plein les jambes, Nolhann Alebate sera l’un des joueurs à suivre lors du Mondial. Beaucoup de ses proches lui attribuent d’ailleurs une comparaison des plus flatteuses. "Ici, tout le monde me dit que je ressemble à Kylian Mbappé (rires). C’est un joueur que j’admire, j’essaie d’avoir les mêmes qualités que lui : de la vitesse, du dribble, de la percussion, une bonne finition. C’est un modèle", admet celui qui apprécie aussi bien le Paris Saint-Germain que le Real Madrid.
Alors que la Coupe du monde devrait surpasser en termes d’atmosphère ce qu’il a connu en janvier à l’échelle continentale, le jeune homme a conscience de ce qu’il risque de ressentir sur place. "Pour l’instant, ça va, mais quand on arrivera au Mondial, il y aura sûrement du stress. On va quand même jouer devant des milliers de supporters, ce n’est pas rien."
Le tournoi international de Montaigu, en plus d’offrir aux Calédoniens une forme de répétition avant l’heure, avait aussi mis l’Angleterre sur la route des Petits Cagous. En Indonésie, les joueurs de Léonardo Lopez croiseront de nouveau les Britanniques, tout comme le Brésil et l’Iran.
En France, c’est l’Angleterre qui l’avait emporté (2-0). "Ils ont même fini par gagner le tournoi", précise Nolhann Alebate. "Mais je pense qu’on a moyen de faire quelque chose. Il faudra améliorer notre placement, être toujours en mouvement. À la vidéo, on a vu qu’on avait été spectateurs lors de notre rencontre. C’est une grande nation, on les a regardés, on n’a pas joué."
Sera-ce alors l’heure de la revanche ? Soutenu par tous les Calédoniens, Nolhann Alebate se sent, en tout cas, prêt à renverser des montagnes. Et peut-être qu’un jour, ce sont ses exploits à lui que les chauffeurs raconteront aux futures générations de jeunes joueurs dans leur voiture.
Le programme des Cagous dans le Groupe C
Samedi 11 novembre : Nouvelle-Calédonie - Angleterre (20 heures heure de Nouméa, 16 heures heure locale, au Jakarta International Stadium)
Mardi 14 novembre : Brésil - Nouvelle-Calédonie (20 heures heure de Nouméa, 16 heures heure locale au Jakarta International Stadium)
Vendredi 17 novembre : Iran - Nouvelle-Calédonie (23 heures heure de Nouméa, 19 heures heure locale au Si Jalak Harupat Stadium)