
Ce phénomène génère des eaux anormalement chaudes dans une grande partie du bassin Pacifique Sud, notamment à Est (au voisinage de la Polynésie française et des côtes d’Amérique latine). El Niño, qui a atteint un stade de forte intensité, génère donc plus d’évaporation et davantage de pluies dans cette région et ainsi des conditions plus favorables à la formation des phénomènes cycloniques. D’autant plus que ces eaux anormalement chaudes devraient persister durant toute la saison sur le bassin Pacifique Est.
"Il y a actuellement beaucoup d’énergie pour alimenter les cyclones, donc on s’attend à une augmentation globale de l’activité cyclonique : plus de phénomènes, des phénomènes plus intenses, une saison plus longue aussi, qui démarre plus tôt et qui termine plus tard", résume Thomas Abinun, climatologue chez Météo France.
Comme l’activité cyclonique s’est donc déplacée vers l’est par rapport à sa position habituelle, sous l’effet d’El Niño, les zones les plus à risques concernent, cette saison, le Vanuatu et les îles Fidji. Par ailleurs, la Polynésie française, souvent épargnée par ces phénomènes, devrait également être touchée.

C’est la bonne nouvelle de ces prévisions. À la différence de La Niña (qui engendre des eaux anormalement chaudes dans notre bassin Pacifique sud ouest), El Niño a plutôt tendance à apporter des eaux plus froides dans la région de la Nouvelle-Calédonie et donc des conditions moins propices à la formation de phénomènes tropicaux. Par conséquent, l’activité cyclonique pourrait être réduite sur le Caillou.
"Chez nous, du fait de ces eaux plus fraîches, on devrait se retrouver avec une activité qui est amoindrie, c’est-à-dire que les cyclones vont essentiellement circuler sur le centre du bassin Pacifique Sud", précise le climatologue.
Pour autant, "le risque de survenue d’un phénomène cyclonique majeur sur la Nouvelle-Calédonie reste entier, comme chaque année, et ce, que l’on soit en Niño, en Niña ou en phase neutre, juge bon de préciser Thomas Abinun, qui met la population en garde : Il n’y a pas que les cyclones intenses qui produisent des effets intenses. Le passage d’une dépression modérée peut suffire à déclencher des pluies diluviennes destructrices sur le pays, comme lors du passage de Lucas, en 2021."

Il est impossible de prévoir à l’avance l’intensité des phénomènes qui traverseront le Pacifique. Pour autant, les données statistiques permettent de dégager certaines tendances. Et elles sont plutôt alarmantes pour cette saison, puisque sous El Niño, les phénomènes tropicaux seraient généralement plus forts. En témoigne ce chiffre : parmi les 20 cyclones les plus forts recensés sur le Pacifique sud-ouest (depuis le début des mesures en 1977), 14 se sont produits pendant des saisons El Niño, trois en période neutre et seulement deux sous La Niña.
En fonction de leur lieu de formation les phénomènes cycloniques sont nommés, soit par le centre australien, à l’ouest du méridien 160°E, soit par le centre de Fidji, lorsqu’ils naissent à l’est de cette ligne.
Les prochains noms des phénomènes à venir ont déjà été choisis. Les voici : Jasper, Kirrily, Lincoln, Megan, Neville et Olga pour les météorologues australiens ; Nat, Osai, Pita, Rae, Seru, Tam pour le centre de Fidji, qui a déjà nommé deux phénomènes : Lola et Mal.

Lors de la saison précédente, marquée par La Niña (qui concentre donc les eaux les plus chaudes au voisinage de la Nouvelle-Calédonie), l’activité cyclonique a été déplacée vers l’ouest du bassin Pacifique sur une période plus courte que d’habitude, avec le premier phénomène survenu le 7 janvier et le dernier, le 6 mars.
Les phénomènes se sont donc concentrés essentiellement dans notre région. Par conséquent, à l’échelle globale du Pacifique Sud, l’activité a été relativement faible avec 5 phénomènes cycloniques au lieu de 9,7 en moyenne habituellement.