Pour sa cinquième visite sur le Caillou, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a consacré sa journée de vendredi à recevoir les différentes forces politiques du pays pour tenter de faire avancer les négociations autour de l’avenir institutionnel. Au cœur de ces réunions bilatérales : l’épineuse question de la réforme constitutionnelle souhaitée par l’État pour offrir un nouveau statut à la Nouvelle-Calédonie d’ici l’an prochain, sur la base d’un "document martyr" loin de faire consensus.
Un projet d’accord jugé "inacceptable" en l’état par les indépendantistes, dont l’Union calédonienne, qui au contraire de l’Uni, avait alors décidé de se retirer des discussions. Des discussions que le parti n’entendait reprendre qu’en bilatérale avec l’État.
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C’est dans cette optique que la délégation de l’UC (accompagnée du RDO) a ainsi accepté de participer, ce vendredi matin, à la première réunion programmée avec Gérald Darmanin. La séquence sans doute la plus attendue… et la plus longue de cette journée.
Ce n’est qu’au bout de 2 heures 45 (soit une heure de plus que le planning initialement prévu), que la délégation est ressortie. De là à y voir le signe d’avancées notables dans les négociations ? Difficile à dire tant la délégation a été avare en mots à l’issue de la réunion. Le premier vice-président de l’UC, Gilbert Tyuienon, a tout juste glissé à la presse "avoir eu beaucoup de discussions de fond" en assurant qu’ils "vont se revoir" avec le ministre des Outre-mer. Quand et dans quelles conditions ? La délégation n’en a pas dévoilé davantage.
C’était ensuite au tour du deuxième bloc indépendantiste, à savoir l’Uni, de faire son entrée au haussariat. Une réunion beaucoup plus courte qui s’est soldée par des annonces de la part de Victor Tutugoro (UPM) : la tenue d’une réunion plénière, c’est-à-dire entre leur délégation indépendantiste et les non-indépendantistes, a été actée, pour clore cette journée d’échanges. Durant cette réunion trilatérale : chaque partie pourra s’exprimer sur la "version 4" du document martyr qui leur a été présentée, ce vendredi, par le ministre des Outre-mer.
"Cette nouvelle version reprend les déclarations des uns et des autres lors de nos dernières discussions avec le préfet Rémy Bastille. On reste en négociations, mais les choses évoluent", analyse Victor Tutugoro, qui estime que "les positionnements des différentes délégations se retrouvent dans ce document", et saluant, enfin, que la délégation de l’UC se soit longuement entretenue avec le ministre : "Il le fallait pour renouer le dialogue avec l’État."
Mais avant la tenue "surprise" de cette réunion trilatérale, les non-indépendantistes (réunissant Le Rassemblement-Les Loyalistes et Calédonie ensemble) ont également eu droit à leur séquence politique avec Gérald Darmanin.
Une réunion à l’issue de laquelle Gil Brial a été désigné pour prendre la parole, visiblement satisfait par les échanges : "Le ministre a confirmé le calendrier annoncé par Emmanuel Macron, c’est-à-dire soit on est en capacité de trouver un accord entre indépendantistes et non-indépendantistes et il y a un changement profond de la constitution, soit il n’y a pas d’accord et alors, d’ici la fin de l’année, l’État enclenchera une modification pour que le corps électoral soit dégelé et qu’il y ait un rééquilibre des élus au sein du Congrès, ce que nous demandons, car aujourd’hui les élus de la province Sud pèsent beaucoup moins que ceux du nord et des Îles".
Autant de sujets abordés une nouvelle fois au cours de la séance plénière qui a mis autour de la table du ministre, à partir de 16 heures, les représentants du bloc non-indépendantiste ainsi que les leaders de l’Uni. Après avoir laissé planer le doute sur sa participation et contrairement à ce qu’elle avait laissé entendre le matin, la délégation de l’UC et du RDO n’a finalement pas honoré cette invitation.
En fonction de la nature des échanges et de l’avancée des travaux, une seconde réunion plénière pourrait encore se tenir avec Gérald Darmanin ce samedi, dans le courant de l’après-midi, à l’issue de la visite de l’Usine du Sud. À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune communication n’a été transmise à ce sujet. Autre inconnue à ce stade, si ces échanges avaient lieu, rien ne garantit que l’UC y prenne part.