Quelles réponses coutumières apporter contre les violences faites aux femmes ? Quelle est la place et le rôle de l’homme dans le combat contre ces violences ? Quels instruments et partenariats identifier pour y parvenir ? Ce sont autant de questions sur lesquelles le Sénat coutumier a décidé de se pencher, ce mercredi, à l’occasion de sa deuxième édition de la "Journée orange". Une manifestation organisée en marge de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes qui gangrènent l’ensemble de la société calédonienne, jusqu’au cœur des organisations tribales.
Fil conducteur de cette journée, un seul message : "la coutume condamne fermement toutes ces formes de violence", en particulier contre les femmes et les filles, qui ont leur place "à tous les niveaux" d’un point de vue coutumier. Pour autant, "on voit actuellement, dans certaines chefferies et régions, que les femmes sont encore battues et soumises aux hommes, c’est pour ça qu’il est important de faire ce travail aujourd’hui pour vraiment trouver une solution et faire cesser tout cela", lance Roger Thevedin, sénateur de l’aire Xârâcùù, qui juge la situation sur le Caillou "critique".
Et ce ne sont pas les chiffres qui le contrediront. En Nouvelle-Calédonie, en 2019, les autorités relevaient 3,8 faits de violences judiciarisés pour 1 000 habitants, contre 1,6 dans l’Hexagone. Dans le détail, 9 victimes sur 10 sont des femmes. Chaque année, 8 300 Calédoniennes sont ainsi victimes de violences physiques et sexuelles.*
L’objectif de la journée orange est donc d’alimenter la réflexion, le temps d’ateliers, pour établir une feuille de route et réfléchir à un plan d’actions à appliquer dans la sphère coutumière. Comme l’explique Mizaël Poapidawa : "Lorsque la femme quitte son domicile car elle est menacée par l’homme violent, on n’a pas encore réfléchi à un système d’amende ou autre qui pourrait faire partie de ces solutions. On pourrait peut-être lui imposer de rembourser la coutume de mariage à lui seul, et sans l’aide de sa famille, pour qu’il puisse comprendre le poids de ces actes, avance ce sénateur de l’aire Paicî-Cèmuhi, qui en appelle à la "responsabilité" de tous les chefs de clan. Sur cette cause, on fait du sur place aujourd’hui. On n’avance pas d’un mètre car ce ne sont que des slogans que l’on donne. Il est temps de mettre en place des actions."
Quant à la place des femmes au sein même du Sénat coutumier, qui s’était dit "prêt", l’an passé, à voir siéger des sénatrices [1], le dossier "avance" à en croire son président : "Rien n’interdit qu’une femme puisse accéder à cette institution, martèle Victor Gogny. Il pourrait y avoir une femme dans un futur proche, mais le préalable, c’est qu’elle ait eu, en amont, le soutien de sa famille, de son clan et de sa chefferie, comme pour n’importe quel sénateur."
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/gros-plan/nouvelle-caledonie/gros-plan-bientot-des-femmes-au-senat-coutumier
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/justice/les-defis-d-yves-dupas-procureur-de-la-republique
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