Les visites ministérielles se suivent et les mouvements de protestation se répètent. Moins de deux semaines après la "marche pacifique" en marge de la venue de Gérald Darmanin, le 24 novembre, la cellule de coordination des actions de terrain, rassemblant plusieurs formations indépendantistes (UC, Parti travailliste, le Mouvement des Océaniens indépendantistes, Dynamique autochtone, l’USTKE et le CNTP), a organisé une nouvelle mobilisation, ce mardi, à Moselle. Alors que s’ouvrait le 8e Sommet régional des ministres de la Défense du Pacifique Sud présidé par Sébastien Lecornu, environ 1 500 manifestants, selon la police, se sont rassemblés devant la place du Mwâ Kââ pour répéter leur ferme opposition à "la militarisation du pays".
Dans les bouches et sur les banderoles, les mêmes mots revenaient en boucle : "non à une nouvelle base militaire" et non au "renforcement de l’armée" au risque de mettre le pays "en danger". "Nous ne sommes pas en guerre ici dans le Pacifique et en Océanie, alors il n’y a pas de raison de mettre les populations en danger", martèle Christian Tein, responsable de la cellule.
Victor est venu de Maré pour assister à la mobilisation. "On ne veut pas devenir une cible. La Nouvelle-Calédonie et son authenticité ne doivent pas être abîmées par des Rafale et des sous-marins." Pour lui, l’argument du soutien humanitaire formulé par Sébastien Lecornu pour justifier le renforcement de l’armée française en Nouvelle-Calédonie "n’est qu’un prétexte".
Quant aux 17 milliards d’investissements annoncés par le ministre, "c’est quelque chose qui me désole. Il n’y a rien de pire que de mettre de l’argent dans les armes. J’aurais bien vu cette somme dans le développement du réseau d’eau potable ou l’amélioration des routes", lâche Victor.
Si la "militarisation" concentrait une grande partie des préoccupations des manifestants, les revendications portées deux semaines auparavant sur l’avenir institutionnel n’étaient jamais très loin. "C’est impossible de rentrer dans les discussions avec l’État sur la base du document martyr. Ils doivent créer des conditions favorables pour aborder le débat", répète Christian Tein. C’est d’ailleurs derrière l’étendard "non au dégel du corps électoral" que s’est élancé le cortège, vers 11h30.
Avant ça, la foule avait rendu hommage aux dix militants indépendantistes de la tribu de Tiendanite, dont deux frères Tjibaou, assassinés il y a 39 ans, le 5 décembre 1984, à Hienghène.
Les manifestants ont pu rejoindre la place des Cocotiers, avant de se retrouver en début d’après-midi à Moselle.