" Ça vient du Méridien ! ". Peu après 21 heures, mardi soir, les premières images de l’incendie font le tour des réseaux sociaux. Et elles sont impressionnantes : pendant de longues minutes les flammes et les cendres incandescentes s’élèvent à plusieurs dizaines de mètres de haut, bientôt enveloppées dans un épais nuage de fumée.
Les pompiers de Punaauia, dont la caserne est à deux kilomètres à peine, sont les premiers sur les lieux avant d’être rejoints par leurs collègues de Paea. Soulagement au moment de sortir les lances : ça n’est pas le bâtiment principal de l’hôtel, reconnaissable à ses grandes toitures en tuiles de bois, qui est touché, mais une annexe, située entre la plage et la piscine. Un faré entouré d’un grand deck de bois et qui accueillait, avant la fermeture de l’établissement avec la crise Covid en 2020, le restaurant Le Carré, son bar et ses cuisines. Deux heures plus tard, ces locaux seront entièrement détruits, mais le reste du site épargné et le feu circonscrit.
" Du fait que l’annexe soit complètement désolidarisée du bâtiment central, et peut être parce que les pompiers sont arrivés rapidement, on n’a pas eu à prendre des mesures comme des évacuations des riverains, souffle Yann Leu, conseiller municipal en charge de la sécurité à Punaauia, et premier représentant de la mairie sur place. Le feu est resté assez confiné ".
Les soldats du feu – une quinzaine au total, ainsi que deux véhicules spécialisés – décrivent tout de même un brasier " impressionnant ". Un " embrasement généralisé ", précise Cyril Chervy, chef de service du centre de secours de Punaauia qui se dit soulagé de l’absence de victimes ou de complications électriques dans ce bâtiment censé être à l’abandon depuis plus de trois ans.
Car l’ex-Méridien, devenu en 2018 le Tahiti Ia ora Beach Resort by Sofitel, six ans après son rachat par le groupe de Frédérick Grey n’a pas vu de client depuis 2020. Les portes du 4-étoiles n’avaient pas rouvert après le premier confinement Covid, et, vu les difficultés financières de son propriétaire, sa société d’exploitation avait fini par être liquidée et ses salariés licenciés fin 2022. En juillet, le groupe Moana Nui, contrôlé par l’homme d’affaires Yves Buhagiar, avait été choisi pour reprendre les murs, promettant une rénovation et une réouverture " avant les Jeux Olympiques " de juillet 2024. Reste à savoir quel impact aura cet incendie sur les travaux.
Reste à savoir, surtout, quelles sont les causes du sinistre. Elles n’étaient évidemment pas encore connues mardi soir. " Ce sera à la gendarmerie de mener l’enquête ", précisent les pompiers. Parmi les riverains attirés aux abords de l’hôtel par les flammes, beaucoup veulent croire à un incendie volontaire ou criminel, certains rappellent que l’établissement, même abandonné, était " toujours gardé ". Yann Leu évoque lui la piste d’une utilisation frauduleuse des cuisines du faré. " Mais on ne sait pas. Une fois qu’on aura bien circonscrit le feu, le plus important sera de déterminer le point de départ du foyer, précise l’adjoint au maire. Après on verra "