Une bouffée d’oxygène. Le Quotidien de la Réunion, l’un des deux quotidiens d’information générale du département avec Le Journal de l’île de La Réunion (JIR), a obtenu un sursis de trois mois d’activité après l’attribution par le conseil régional d’une aide exceptionnelle de 600 000 euros (près de 72 millions de francs).
Elle permettra au journal de faire face à ses obligations salariales au cours des prochaines semaines tout en continuant à chercher un repreneur.
En butte à une baisse de son lectorat et à une augmentation de ses coûts de production, Le Quotidien de La Réunion, qui emploie 52 salariés, est en cessation de paiements depuis le 15 septembre.
En octobre, le tribunal de commerce a ouvert une procédure de liquidation judiciaire à son encontre, lui donnant jusqu’à mi-novembre pour trouver un repreneur, mais la seule offre de reprise, déposée par la société Média Capital (Le Nouvel Économiste), n’a pas été jugée viable par l’administrateur judiciaire.
Un "consortium d’investisseurs réunionnais, après avoir examiné le dossier, n’a finalement pas déposé de candidature, préférant se positionner sur une reprise de l’activité post-liquidation", a indiqué Le Quotidien dans son édition de mercredi.
Les journaux de l'île affrontent une crise de la presse écrite profonde depuis plusieurs années, malgré les aides versées par la Région Réunion depuis 2016. L’autre titre de presse quotidienne, le JIR, a été placé à deux reprises en redressement judiciaire, percevant un peu plus de cinq millions d’euros d’aide et obtenant de l’Etat un abandon partiel de ses dettes.
Dans un article publié samedi, le président du JIR, Jacques Tillier, a dit ne pas savoir si le journal serait en capacité de payer "les salaires de décembre et le treizième mois". Le 1er décembre, le JIR a demandé "au nom de l’équité" au conseil régional la même aide de 600 000 euros que son concurrent. Mercredi, la Région a indiqué dans un communiqué que la demande était en cours d’instruction mais que "l’égalité de traitement n’ouvre pas un droit à la subvention automatique".
La crise de la presse papier ne touche pas que l’île de la Réunion, mais bien l’ensemble de l’outre-mer. En février 2020, c’est le groupe France-Antilles et ses 235 salariés qui mettaient la clé sous la porte après 56 années d’existence. Depuis, le groupe a été repris par le milliardaire français Xavier Niel.
Plus proche de chez nous, en Polynésie, Les Nouvelles de Tahiti ont disparu en 2014. La Dépêche de Tahiti a également cessé d’imprimer et n’existe plus que sous une forme numérique. Tout comme Les Nouvelles calédoniennes qui, après un arrêt du papier en janvier 2023 au bout de 52 ans d’existence et une mise en liquidation judiciaire en mars, mettant 120 personnes sur le carreau, revivent désormais uniquement sur Internet en proposant de l’actualité gratuite sur lnc.nc.