La manivelle semble tourner dans le vide, malgré les efforts de Mailys. "Je n’ai peut-être pas assez de force", désespère la pharmacienne, qui tente depuis plusieurs minutes de lever le rideau métallique de son officine. Comme bon nombre de commerces de la zone industrielle et commerciale, la pharmacie Baie des dames n’a pas pu ouvrir ce matin. En cause, la vaste coupure d’électricité survenue vers 6 heures, ce lundi 8 janvier [1], dans le sud du pays après que la foudre se soit abattue sur une ligne 150 000 V d’Enercal. L’incident a entraîné la paralysie d’une bonne partie de l’activité économique dans les communes touchées.
À Ducos, la première conséquence de ce black-out était l’impossibilité, pour de multiples enseignes, de relever les rideaux métalliques qui protègent leurs devantures. Au pied des commerces, beaucoup de salariés ont attendu plusieurs heures le rétablissement incertain de l’électricité. "On est là depuis 7 heures, et le problème c’est qu’on a aucune info ni précision sur un potentiel retour du courant, donc on reste à attendre mais ça commence à être long", déplorait Nathalie, responsable du magasin Trouv’too de Ducos, à 10 heures.
Mailys, elle, a pu s’introduire dans sa pharmacie grâce à un accès réservé au personnel. "La priorité pour nous était de sécuriser les médicaments entreposés dans les frigos." Elle et son collègue ont consacré une partie de la matinée à stocker notamment les vaccins dans des glacières. Et à répondre aux urgences. "On reste devant la pharmacie, on gère depuis l’extérieur les patients qui ont vraiment besoin de leur traitement et on demande aux autres de revenir quand le courant sera rétabli."
Au snack Graine de papaye, alors que le courant vient de revenir, le responsable Sébastien tente de relancer le système informatique avec un employé. "Le côté positif, c’est que nos livraisons se font le lundi dans le courant de la matinée, donc on n’avait encore rien de périssable dans les frigos." Le restaurant de l’enseigne Korail est tout de même resté fermé en attendant le retour de l’électricité, à 10h30.
D’autres ont pris le risque de respecter leurs horaires, en misant sur des onduleurs pour pallier la coupure. Au Carrefour Market de Ducos, ce dispositif électronique a permis de remettre en fonction les caisses et un peu de lumière. "Notre onduleur dispose d’une autonomie de trois heures, donc l’électricité est revenue pile au bon moment", se réjouit Patricia, responsable du supermarché ouvert à 7h30, avec une demi-heure de retard en raison d’une grille qu’il a fallu ouvrir manuellement. "Quarante-cinq minutes d’effort." Les frigos et les congélateurs, quant à eux, n’étaient plus alimentés. "On a demandé aux clients de prendre ce qu’il leur fallait et de tout de suite les refermer", raconte Patricia. Un peu plus, et les glaces et sorbets "étaient bons à jeter".
À 11 heures, le retour à la normale s’est opéré dans la zone industrielle. Très vite, Ducos a retrouvé sa frénésie.