C’est une phrase qui ne passe pas du tout pour l’Union Calédonienne, qui n’a pas tardé à le faire savoir par voie de communiqué.
Auditionné par la commission des lois du Sénat au sujet du report des élections provinciales, le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a annoncé déposer dans la semaine le projet de réforme constitutionnelle visant à modifier le corps électoral [1], avant son examen le 25 mars au Sénat. Au cours de son entretien, Gérald Darmanin a notamment déclaré : " Toutes les tendances, indépendantiste et non indépendantiste, ont signé un document sous ma présidence, que j’ai cosigné également, voilà un an, qui acceptait le dégel du corps électoral à dix ans. Certains le conditionnaient à un accord global mais enfin, le principe même du dégel était accepté.”
Des propos que l’UC tient à "démentir formellement" dans un courrier signé des mains de Gilbert Tyuienon, de Roch Wamytan et de Mickaël Forrest. "À aucun moment, nous n’avons donné un quelconque aval qui justifierait le dépôt d’une loi constitutionnelle pour dégeler le corps électoral aux natifs et aux résidents de plus de dix ans et la mise en place d’un corps électoral glissant qui légitimerait l’appartenance de la Nouvelle-Calédonie à la France."
Si le sujet du dégel du corps électoral "n’est pas tabou", le mouvement précise n’y être favorable que pour les natifs.
"Le peuple kanak est le seul peuple premier de l’histoire de la décolonisation à avoir invité les autres communautés vivant sur le territoire à être une partie de nous, une composante à part entière de notre peuple, à construire avec nous une Nation unie, rappelle le parti. Nous n’avons jamais consenti à entretenir les conditions qui nous conduiraient à une colonie de peuplement et qui ferait sortir définitivement le pays de la trajectoire de décolonisation."
L’UC estime ainsi que "le gouvernement français interfère dans le dossier calédonien en mettant sur la table ce sujet clivant du dégel du corps électoral, alors que, concomitamment, les Calédoniens discutent pour trouver une solution pour l’avenir du pays".
Des propos qui interviennent moins d’une semaine avant la venue sur le Caillou de Gérald Darmanin, programmée à partir du 20 février.