De tradition depuis plusieurs années, le relais mixte – passé au programme olympique en 2014 – lance les Mondiaux-2024. La Norvège des frères Johannes et Tarjei Boe et d’Ingrid Landmark Tandrevold s’avance invaincue en grands championnats depuis 2019 (quatre titres mondiaux et un olympique).
Sous une pluie battante, les Français ont les meilleurs skis, Eric Perrot et Quentin Fillon-Maillet mettent le relais bleu sur de bons rails, Justine Braisaz-Bouchet visite l’anneau de pénalité, mais passe à Julia Simon en tête qui termine le travail pour un premier sacre à Nove Mesto.
"C’est quelque chose dont on se souviendra plus que le fait que Julia Simon est devenue championne du monde ce jour-là." De l’aveu même de la principale intéressée, son titre mondial, le deuxième individuel après la poursuite en 2023 à Oberhof (Allemagne), est passé au second plan ce vendredi 9 février. Sur une neige rendue très humide par les températures douces et la pluie, les Françaises ont un avantage sous les skis, font tomber les cibles (10/10 pour Julia Simon, 9/10 pour Justine Braisaz-Bouchet, Lou Jeanmonnot et Sophie Chauveau) et surclassent la concurrence avec un inédit quadruplé. Simon devance "JBB" et Jeanmonnot, alors que Chauveau échoue à quelques secondes du podium à la quatrième place.
"C’est un mix de Johannes Boe et de Martin Fourcade", s’est enthousiasmé Siegfried Mazet, entraîneur français du tir chez les Norvégiens, après la démonstration tactique de Julia Simon en poursuite. Partie en tête et rapidement rejointe par Braisaz-Bouchet, Julia Simon compte un matelas d’avance sur le reste des engagées. Le duel franco-français des biathlètes licenciées aux Saisies est accroché sur les trois premiers des cinq tours, avant que Simon ne mette une immense pression sur le premier tir debout. Sans faute, elle se détache de "JBB" qui visite l’anneau de pénalité (deux tours) et s’offre un sacre impressionnant pour conserver son titre mondial en poursuite. Braisaz-Bouchet s’arrache pour prendre le bronze derrière l’Italienne Lisa Vittozzi.
Sur le format de l’individuel (15 km, une minute de pénalité pour chaque faute au tir), Simon réalise une petite erreur sur sa 17e balle (sur 20), une prise de risque sur ce tir rapide qui fait sa force, mais qui se paie cash. Plus rapide que Lisa Vittozzi sur le pas de tir, elle n’arrive toutefois à combler qu’une trentaine de seconde sur l’Italienne qui prend l’or grâce à un sans-faute. Simon assure le bronze, une dizaine de secondes derrière l’Allemande Janina Hettich-Walz.
Dominatrices pendant l’hiver, les Françaises ont vu leur pancarte de favorites en relais tripler de superficie au fur et à mesure des courses à Nove Mesto. Le vent s’est mis à souffler plus fort que sur les dix premiers jours de compétition, rebattant un peu les cartes. En retard de 45 secondes après les deux premières relayeuses (Jeanmonnot et Chauveau), Braisaz-Bouchet réalise un passage parfait pour passer à Simon en tête d’une vingtaine de secondes. Après une dernière frayeur (trois pioches) sur le tir debout, Simon peut savourer un dernier tour détendue, s’arrêtant comme sur la poursuite pour serrer quelques mains.
Championne olympique en titre de la spécialité, lauréate du petit globe en 2022 avant sa pause maternité, Justine Braisaz-Bouchet est plus qu’à l’aise sur cette épreuve. Elle réalise une course parfaite, blanchissant ses vingt cibles, augmentant au fur et à mesure son avance sur la piste. La dernière boucle de 2,5 km a ressemblé à un tour d’honneur pour aller chercher sa médaille d’or individuel, partageant le podium avec Lou Jeanmonnot en bronze. Julia Simon termine au pied du podium.
Dans la mass start masculine qui a bouclé ces mondiaux, Quentin Fillon-Maillet a décroché une nouvelle médaille pour la France, en obtenant le bronze dans une course dominée par l’imbattable Johannes Boe. Le Norvégien remporte son troisième titre lors de ces Mondiaux, lui qui avait déjà remporté l’individuel et la poursuite, et son 20e titre mondial en carrière.