L’adresse n’a pas changé, pourtant elle semble loin, la petite école de musique de la rue Carcopino. Ouverte le 28 mars 1974 dans l’ancien consulat de Grande-Bretagne, mis à disposition par la ville de Nouméa, elle a accueilli dès son ouverture 140 jeunes Calédoniens. Cette année, 904 élèves prendront place sur les bancs de ce qui est devenu entre-temps le Conservatoire de musique et de danse de Nouvelle-Calédonie (CMD-NC). La saison culturelle 2024 sera largement marquée par ce "cinquantième anniversaire de l’éducation artistique" sur le Caillou, a présenté Mickaël Forrest, président du conseil d’administration du conservatoire et membre du gouvernement en charge de la culture. L’occasion de réaffirmer la volonté de "maintenir une offre culturelle" forte sur le territoire et de la mettre en lumière.
Cette nouvelle année vient aussi confirmer une tendance post-Covid croissante : les jeunes Calédoniens se tournent de plus en plus vers l’enseignement culturel. La hausse du nombre d’inscrits frôle les 5 % depuis deux ans et "il y a des listes d’attente pour toutes les disciplines", fait remarquer Pascale Doniguian, directrice du CMD-NC. Avec ses annexes à Koné, à Koumac et ses programmes en Brousse, l’établissement public peut même se targuer de toucher près de 1 200 élèves partout en Nouvelle-Calédonie. Bientôt plus avec l’ouverture espérée en 2025 de deux nouvelles antennes "à Boulouparis et à Houaïlou", annonce Pascale Doniguian.
C’est aussi à travers son programme d’orchestres à l’école, mis en place dans 11 communes du Caillou, et plus récemment la danse à l’école, que le Conservatoire poursuit son objectif de "développement culturel territorial".
L’institution de la rue Carcopino vise également à étoffer son offre. Un an après avoir intégré deux disciplines (la danse traditionnelle et le hip-hop) à son programme, le Conservatoire va désormais se tourner vers les arts dramatiques. Il pourrait ainsi devenir "la première école de théâtre" en Nouvelle-Calédonie dès la rentrée 2025, dévoile la directrice. De quoi justifier un changement de nom pour transformer officiellement l’établissement en "Conservatoire des arts", dix-neuf ans après avoir reçu le titre de Conservatoire de musique et de danse. "Nous aurions un ou deux enseignants de théâtre au départ", annonce Pascale Doniguian.
Un développement contenu qui s’explique en grande partie par les difficultés économiques traversées par le Conservatoire, victime collatérale de finances publics au plus mal. "On essaie d’accroître notre autofinancement", souligne la directrice, en évoquant notamment une salle de pratique de danse, dans leurs studios de la rue Bénébig, rénovée entièrement sur fonds propres. Reste que la quarantaine d’enseignants et les 900 élèves commencent à être à l’étroit dans le bâtiment de l’Artillerie. "On a atteint un plafond."
Le lancement de la saison culturelle 2024, ce mardi 12 mars, était également l’occasion de dévoiler les huit créations artistiques qui seront jouées sur la scène du Conservatoire cette année.