Le bilan humain reste à ce stade de 4 morts

Les circonstances sont un peu moins floues autour des drames qui ont coûté la vie à trois Calédoniens et un gendarme mobile, hier, mercredi. Parmi eux, un homme de 36 ans, mort à Kaméré, ainsi qu’un homme de 20 ans et une femme de 17 ans, tués à Ducos, vers l’impasse Balard, proche du rond-point de Papeete. Les auteurs de ces tirs sont selon le représentant de l’État deux particuliers qui ont donc fait usage de leurs armes sur trois victimes, toutes mélanésiennes. "Les auteurs de ces crimes sont des assassins car il n’appartient pas à des groupes d’autodéfense de se livrer à cela. Ces personnes sont en fuite et nous leur demandons de se rendre car nous les retrouverons, assure le haut-commissaire, qui préfère laisser faire la justice sur une éventuelle implication des victimes dans ces exactions. "Ces trois personnes se trouvaient à proximité de groupes d’émeutiers, mais on ne peut pas encore dire s’ils y participaient ou pas. L’enquête suit son cours".

La personne ayant tué d’une balle en pleine tête un jeune militaire de 22 ans, hier, au Mont-Dore, est bien sûr également activement recherché.

Par ailleurs, le bilan s’établit à 49 militaires et 14 policiers blessés, majoritairement cibles de projectiles et de pierres dirigés vers leur tête. "À la connaissance" du haussaire, il n’y a pas de blessés, du moins grave, avérés dans les rangs des émeutiers "car ce sont eux les agresseurs et les forces de l’ordre sont les agressés".

Plusieurs milliers d’émeutiers recensés

Selon les estimations du terrain, les forces de l’ordre évoquent près de 5 000 émeutiers dans le Grand Nouméa et entre 3 000 et 4 000 à Nouméa, qui agissent pour le haussaire au nom de la CCAT, qualifiée "d’organisation de voyous qui se livrent à ces actes avec la volonté de tuer du policier et du gendarme". Louis Le Franc juge bon de " les différencier du FLNKS et des autres organisations politiques, indépendantiste ou non-indépendantiste, qui ont toute leur légitimité".

"La CCAT, dont les membres de 15 à 25 ans attaquent impunément et plongent des gens dans le malheur, n’a plus lieu d’être, martèle Louis Le Franc, qui l’assure : les responsables à la tête de cette cellule doivent cesser ces actions meurtrières et devront assumer leurs actes devant la justice."

Un nombre incalculable de maisons brûlées

Selon nos informations, plusieurs habitations ont de nouveau été brûlées dans le quartier de Portes-de-Fer, la nuit dernière. Et de nouveaux incendies se seraient également déclarés à la Vallée-du-Tir. "Le nombre de maisons ayant brûlé est incalculable, confie le haussaire. On ne les compte plus. C’est impressionnant. Ces personnes appellent au secours mais encore faut-il que les pompiers ne soient pas empêchés par les émeutiers."

Parmi les nombreux bâtiments incendiés, figure désormais la mairie de Païta, annonce l’État.

Etat d’urgence et couvre-feu

Le couvre-feu est désormais étendu à l’ensemble de la Nouvelle-Calédonie, ce jeudi 16 mai, à 18 heures jusqu’au vendredi 17 mai, à 6 heures. Une mensure renouvelée "au jour le jour" par l’État.

Par ailleurs, l’état d’urgence a été décrété dans l’ensemble du pays [1] pour une période de 12 jours. Au-delà de cette période, une loi devrait être prise pour le prolonger.

Dans ce contexte, cinq leaders "radicaux" de la CCAT sont assignés à résidence, du moins quand ils auront été repérés.

Nouvelle mutinerie au Camp-Est

La nuit dernière, une deuxième mutinerie s’est produite dans l’enceinte de la prison, menant à la destruction de blocs qui accueillaient 168 détenus. Des actes qui ne font "qu’empirer la surpopulation carcérale", déplore Louis Le Franc, qui annonce qu’une partie d’entre eux devraient être évacués au centre pénitentiaire du Nord afin d’éviter un nouvel incident. Aucun calendrier n’a en revanche été fixé, sachant que les axes principaux pour regagner la Brousse sont jalonnés de très nombreux barrages, pour l’heure infranchissables.

Et ce, alors que les interpellations sont nombreuses : près de 200 dans toute l’agglomération.

Déploiement de l’armée

Par dizaines, des militaires des forces armées de Nouvelle-Calédonie marchaient dans les rues du centre-ville de Nouméa, ce jeudi matin. L’État leur a donné pour consigne de protéger trois zones stratégiques : le port autonome ainsi que les zones aéroportuaires de Tontouta et de Magenta.

Un compte-à-rebours pour les ravitaillements

Alors que de nombreux Calédoniens peinent à se fournir en produits alimentaires ou de première nécessité et que les files d’attente sont impressionnantes à l’entrée des rares commerces encore ouverts, un "compte-à-rebours" est désormais lancé pour éviter une pénurie générale. Au chapitre des rares bonnes nouvelles en cette période de crise : un bateau transportant 47 conteneurs de produits alimentaires est arrivé au port ce jeudi matin. Par ailleurs un autre navire avec 56 conteneurs (comprenant également des médicaments) est prévu pour demain, vendredi. Les acôneurs du port ont accepté, pour ceux qui le pouvaient, de venir travailler. Reste encore à organiser ces livraisons vers les surfaces commerciales qui sont encore intactes.

"Le compte-à-rebours est lancé pour rétablir la continuité d’approvisionnement en produits alimentaires et en médicaments qui permettront d’éviter des morts, notamment dans le domaine de la santé, lance Louis Le Franc. Pour disloquer les très nombreux barrages sur les routes, dont certains disposent de bouteilles de gaz avec des système d’allumage, il faut encore du temps. Nous allons donc sécuriser ces convois avec des VBRG équipés de lame afin de dégager ces axes."