
Accueil de malades, d’handicapés, de personnes âgées… Toutes ces structures médicales et spécialisées sont frappées de plein fouet par les conséquences des émeutes qui ébranlent l’agglomération depuis une semaine. Certains de ces établissements ne parviennent à fonctionner que grâce à l’abnégation du personnel et la formidable entraide des voisins.
"Les équipes sont épuisées. Certains salariés sont ici depuis lundi dernier non-stop car avec les blocages, ils ne peuvent pas rentrer chez eux. Nous sommes stressés de laisser nos familles, alors que des pillages et autres violences ont lieu chez nous, mais on ne peut pas abandonner nos résidents, glisse l’une des responsables de cette maison de retraite. Les proches de nos résidents sont très inquiets, mais heureusement, on a beaucoup de bénévoles du quartier qui viennent nous donner la main et qui font un super boulot, pour des gens qui ne connaissent pas du tout ce milieu. Le dévouement et la solidarité sont les maîtres-mots ici."
Côté nourriture, médicaments et soins, un compte à rebours s’est en revanche enclenché, tant la pénurie n’a jamais été aussi proche dans certaines structures. "Pour l’instant, nous tenons grâce aux dons des voisins, mais cela ne pourra bientôt plus être suffisant. C’est pourquoi, parfois au péril de sa vie, notre directrice fait le tour de toutes les pharmacies encore ouvertes pour essayer de se procurer certains médicaments très spécifiques pour des personnes malades, notamment atteintes d’Alzheimer, raconte cette autre employée, qui confie que le stress commence également à gagner les résidents, qui suivent chaque jour, les actualités. Certains commencent à craquer, à pleurer, à développer des pathologies, ne pouvant pas recevoir de visites de leurs porches pour qui ils sont très inquiets."
Pour autant, ces anciens peuvent compter sur la bienveillance de nombreux bénévoles, qui ne ménagent pas leur peine pour maintenir un semblant de vie normale au sein de ces structures. Ménage, aide aux soins, cuisine, surveillance la nuit… Pendant les émeutes, ces Calédoniens, dont certains n’hésitent pas à venir avec leurs enfants, découvrent un nouveau métier. "Je suis enseignante et j’ai découvert dans un groupe WhastApp de voisins qu’il y avait des besoins ici, alors je n’ai pas hésité, raconte Coralie. Je fais ce que je peux : un peu de ménage, je gère les repas, j’essaie de trouver où laver les draps et le linge pendant que mon fils vient s’occuper avec les résidents autour de jeux de société."
Une implication que partage François, l’un des premiers riverains à avoir proposé ses services : "Au début, je suis venu aider à donner à manger aux résidents. Puis rapidement, en se rendant compte que les équipes manquaient vraiment de monde, nos taches se sont élargies et nous avons été de plus en plus nombreux dans le quartier à nous mobiliser, explique cet ingénieur à la retraite. Au final, on s’aperçoit que ça nous fait aussi du bien de passer du temps ici, ça évite de trop réfléchir. Au final, cette maison de retraite est presque devenue une maison de repos."
Chez les Petites sœurs des Pauvres, les résidents et le personnel bénéficient également d’un bel élan de solidarité de Nouméens qui se mobilisent pour aider l’établissement à fonctionner comme il se doit.
"Nous sommes très aidés. Nous avons des infirmiers bénévoles et d’autres bénévoles pour la cuisine, la buanderie, etc. Des kits alimentaires ont également été livrés par les militaires il y a quelques jours, ce qui a permis de tenir avec les dons de nourriture que nous avons reçus, glisse l’une des sœurs. Grâce aux barrages filtrants installés, nous nous sentons en sécurité et c’est une période propice pour faire connaissance avec les gens du quartier. Nous nous organisons au jour le jour, mais ne sommes pas stressées car nous avons la foi et nous savons que Saint-Joseph de Cluny ne nous abandonnera pas."