
Le procureur de la République Yves Dupas dresse le bilan des premières suites judiciaires données aux crimes et délits commis lors des graves troubles à l’ordre public survenus à compter du 13 mai.
D’importantes dégradations, notamment par incendie, ont été constatées dans la ville de Nouméa et des communes limitrophes concernant des bâtiments ou équipements publics (mairie, locaux des services sociaux, salle de sport, caméras de vidéoprotection, foyer d’hébergement des mineurs) et des structures économiques (400 établissements, environ) "générant un préjudice économique considérable".
Ces exactions ont entraîné 216 mesures de garde à vue dont 144 pour des atteintes aux biens (vols, dégradations, etc.), 25 pour violences à personne dépositaire de l’autorité publique et 46 pour des atteintes aux personnes (hors forces de l’ordre).
Au total, trente et une personnes ont été déférées au parquet qui a procédé à onze incarcérations.
S’agissant des procédures relatives aux décès de mort violente, le procureur indique que plusieurs enquêtes ou informations judiciaires ont été ouvertes. À savoir :
"Le traitement judiciaire s’intensifie pour identifier et poursuivre tous les auteurs des crimes et délits constatés, et ce quel que soit le degré de leur implication ou le niveau de leur responsabilité pénale, poursuit le procureur. Pour mener ce travail d’investigations approfondies, les services d’enquête de la police nationale et de la gendarmerie bénéficient d’un renfort précieux d’une soixantaine d’officiers de police judiciaire métropolitains", indique Yves Dupas.
Le parquet a également ouvert une enquête visant les commanditaires présumés de ces graves exactions, notamment les responsables de la CCAT, "au vu de leurs déclarations publiques et de leurs mots d’ordre, des chefs d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un crime ou d’un délit, de participation à un groupement formé en vue de la commission de dégradations ou de violences volontaires, de vols en bande organisée, destructions de biens commis par incendie en bande organisée et de complicité par instigation ou fourniture de moyens des crimes de meurtre ou de tentative de meurtre sur les forces de l’ordre", dit le procureur.
Il précise par ailleurs que "l’enchaînement des évènements laisse supposer une préparation, une organisation et une planification en termes de logistique et de moyens intégrant un ciblage d’objectifs particulièrement sensibles, tels que le blocage des axes routiers les plus névralgiques, la destruction des entrepôts et locaux d’entreprises, les violences sur les forces de sécurité intérieure sur la voie publique comme dans leurs services, les menaces et intimidations sur les personnes et ceci dans des actions massives et par ailleurs concomitantes."
Enfin, Yves Dupas tient à souligner "les actes d’une extrême hostilité que subissent les forces de l’ordre de la part de quelques individus, avec des tirs effectués au moyen d’une arme de longue portée" type sniper.
Il rappelle également que la "loi pénale punit le crime de meurtre ou la tentative de meurtre d’un gendarme ou d’un policier de la peine maximale de réclusion à perpétuité".