
Cette structure hospitalière improvisée dès le mardi 14 mai, soit le lendemain de la première nuit d’émeutes, remplit deux missions principales.
Tout d’abord, il s’agit d’une structure de soin de médecine, dite "de catastrophe". Autrement dit, les équipes sont prêtes à prendre en charge de nombreuses victimes, quelle que soit la nature de leurs blessures, avec un objectif : stabiliser leur état et les mettre en condition d’évacuation par hélicoptère vers l’hôpital. Car le PMA est un relais du Médipôle et de la clinique lorsque l’accès routier pour s’y rendre est fermé ou qu’il n’est pas suffisamment sécurisé.
Sa deuxième mission, qui occupe principalement le personnel actuellement, concerne la médecine générale. Il s’agit de proposer à toutes les personnes qui n’ont pas accès à un médecin de proximité ou aux services hospitaliers de pouvoir consulter un professionnel de santé, ne serait-ce que pour un renouvellement d’ordonnance, comme le ferait un médecin de ville.
Si en cette période de crise, l’ancien CHT retrouve sa vocation première, cela ne doit rien au hasard. "Il s’agit d’un site qui est central dans Nouméa et qui est sécurisé, ce qui est important dans le contexte actuel, explique le Dr Christian Decanlers, médecin chef à la Sécurité civile. Cette structure dispose également d’un énorme parking qui peut servir de drop zone pour les hélicoptères en cas d’évacuation vers le Médipôle."
Depuis son ouverture, le PMA a accueilli près de 50 patients, essentiellement des habitants (dont de nombreux enfants) pour des pathologies mineures ou de légères blessures. Pour autant, les équipes ont dû gérer quatre urgences absolues, notamment des forces de l’ordre blessées par balles. Parmi ces patients une urgence absolue "extrême". "C’est une personne qui a fait un arrêt cardiaque juste devant l’entrée du PMA. Il s’agissait d’un détenu du Camp-Est qui nous a été transféré et qui souffrait d’une pathologie très grave, raconte le Dr Christian Decanlers. Il a été pris en compte par les équipes médicalisées du PMA très rapidement avant d’être évacué avec l’hélicoptère du Samu."
Par ailleurs, le personnel soignant du PMA a tenté de sauver le motard décédé non loin, à l’entrée de ville, [1] après avoir percuté de plein fouet une carcasse brûlée sur la chaussée.
Deux médecins (dont un urgentiste) et trois infirmiers (dont un urgentiste) sont présents en permanence 24 heures sur 24 sur site.
Deux équipes médicales de renfort de type Smur, des pompiers de Paris et des formations militaires de la Sécurité civile, ont également été appelées à la rescousse. "Cela nous permet d’armer une ambulance H24 en mesure d’aller chercher, si besoin, des urgences absolues dès lors que l’axe est sécurisé", précise le médecin chef.

Abigaël, Manson et Gautier. Ce sont les prénoms des trois bébés qui sont nés dans le PMA depuis sa mise en service, qui permet ainsi de prendre en charge les jeunes mamans en cette période on ne peut plus stressante. Pour autant, les équipes ne veulent prendre aucun risque. "Quand la route n’est pas sûre, on ne peut pas envoyer ces femmes vers le Médipôle ou la clinique pour qu’elles se retrouvent ensuite bloquées, insiste le Dr Christian Decanlers. En revanche, si on a le moindre doute ou signe sur une éventuelle complication, nous déclenchons immédiatement un hélicoptère pour une évacuation par voie aérienne."