Cela avait déjà été annoncé, c’est désormais officiel : Maryline D’Arcangelo est la nouvelle maire de Païta. Une séance extraordinaire du conseil municipal s’est tenue ce lundi 3 juin pour élire l’ancienne première adjointe de Willy Gatuhau, maire démissionnaire qui avait quitté ses fonctions début mai après sa condamnation à trois ans d’inéligibilité et un an de prison [1] avec sursis dans l’affaire d’achats des voix à l’élection municipale de 2014. Un scrutin qui aurait dû se tenir le 17 mai, mais les émeutes survenues quelques jours auparavant en ont décidé autrement.

Un "mandat illégitime" pour l’Éveil océanien

Reste que c’est dans un contexte particulier, alors que la Nouvelle-Calédonie traverse une situation insurrectionnelle loin d’être résolue et que la commune de Païta est particulièrement isolée du reste de l’agglomération, que les conseillers municipaux se sont réunis ce lundi matin. Ils ont installé Maryline D’Arcangelo dans ses nouvelles fonctions à 28 voix sur 35, soit la totalité des élus de la majorité.

L’opposition, elle, a boycotté le rendez-vous. Dans un communiqué diffusé dans la matinée, les conseillers de l’Éveil océanien, Pelenatita Manusauki et Franck Vakalepu, ont qualifié cette élection de "simulacre de démocratie". Pour les conseillers d’opposition, "nous réunir pour élire un maire dans ce contexte catastrophique, reste tout de même inopportun, pour ne pas dire déplacé". Les deux conseillers considèrent par ailleurs que le nouveau mandat de Maryline D’Arcangelo est "illégitime", en raison de la condamnation par le tribunal de celui qui a porté la liste victorieuse en 2020. "Le bon sens, surtout les valeurs démocrates et républicaines auraient voulu en effet, que votre majorité démissionne suite à la condamnation prononcée."

Pour la nouvelle première édile, cette élection était "utile et même indispensable", compte tenu des délais réglementaires pour gérer les affaires courantes de la commune. "Nous les avions déjà largement dépassés, je ne pouvais plus signer certains documents, il fallait un nouveau maire à Païta", justifie Maryline D’Arcangelo. Quant aux critiques sur sa légitimité, elle avait déjà indiqué lors du dépôt de sa candidature le 3 mai [2] que la victoire de 2020 "n’a été entachée d’aucune contestation et l’élection a largement porté notre liste à la tête de la commune", rappelant que les faits reprochés à Willy Gatuhau remontent à l’élection municipale de 2014.

"Les gens ne peuvent plus quitter le village"

C’est donc dans une situation inédite que la nouvelle magistrate a pris ses fonctions ce lundi. La priorité reste de tout faire pour "nourrir les habitants de Païta." Depuis le déclenchement des émeutes il y a trois semaines, la commune est en effet particulièrement sinistrée, victime d’un isolement provoqué par des barrages installés de part et d’autre, compliquant l’acheminement des marchandises. "Et les gens ne peuvent plus quitter le village", se désole Maryline D’Arcangelo.

À cela s’ajoute un nombre désormais très restreint de commerces alimentaires, dont la grande majorité a été pillée et saccagée. "Il reste deux magasins au village, le Auchan de Savannah et deux supérettes à Beauvallon et Val-Boisé, mais tout est très vite pris d’assaut." La nouvelle maire se dit toutefois "optimiste" et compte sur la résilience de sa population. "Je les remercie et je leur demande de tenir."