
L’ancienne usine de Ducos a entièrement brûlé, ce qui représente environ trois milliards de francs de dégâts, entre les murs, le matériel, les stocks, etc. Puis sur la nouvelle usine (à Nouville), on estime à environ 100 millions de francs ces dégâts puisque tout l’intérieur a brûlé : ce qu’on avait déjà posé est à refaire. Mais comme tout est à redémarrer, le préjudice se situe entre 800 millions et un milliard de francs supplémentaires à ce niveau-là.
En termes d’activité économique, je salariais environ 80 personnes, dont 65 CDI. Tout le monde est donc à l’arrêt pour l’instant.
Dans l’industrie, on fait le grand écart en quelque sorte, puisqu’on reçoit de la marchandise qui a été commandée qu’on paye entre 15 jours et un mois (à l’avance) selon les accords. Elle met ensuite deux mois à arriver par bateau puis on la travaille et on la vend et ce n’est donc qu’après toutes ces étapes qu’on est payés. Cela représente un delta de trésorerie étalé sur six mois au minimum. Donc évidemment, ce n’est pas simple à gérer. Et aujourd’hui, on n’a plus du tout de rentrée d’argent et donc la trésorerie s’écroule très rapidement. C’est la première préoccupation.
"À ce stade, les aides annoncées sont très insuffisantes par rapport au désastre économique" [1]
En ce qui concerne les salaires, j’avais pris la décision de les payer de toute façon jusqu’à fin mai, mais pour la suite, on navigue à vue pour l’instant. Et c’est le combat qu’on démarre aujourd’hui car les assurances commencent à décider de qui est important ou non pour la société. Or je soutiens que tous mes cols-bleus sont très importants pour mon entreprise. Ce sont des spécialistes des machines et il y en a très peu sur le territoire, donc je ne veux pas les perdre et je ne veux pas qu’ils se retrouvent au chômage à ne presque rien toucher alors qu’ils ont des salaires tout à fait décents chez moi. C’est tout l’enjeu aujourd’hui.
Pour l’instant, on a juste des bribes d’informations autour d’un chômage pour une durée de 9 mois de manière dégressive, avec un montant situé entre 75 % et 100 % du SMG, si j’ai bien compris, ce qui ne représente rien.
On a un manque total de visibilité à la fois du gouvernement calédonien et de l’État français. Pour ma part, je suis dans un cas très particulier car mon projet (de nouvelle usine à Nouville) est en double défiscalisation donc je suis tout simplement obligé de le continuer. C’est sûr que si je n’étais pas sous cette double défiscalisation, je me serais posé la question d’arrêter puisque tous mes emprunts sont payés. Mais ce serait cruel car cela mettrait 80 salariés par terre. Je pense qu’aujourd’hui, beaucoup de chefs d’entreprise sont dans cet état d’esprit.

Il y a des délais incompressibles. Autrement dit, Biscochoc ne pourra pas reprendre avant au minimum un an pour le site de Nouville. Quant au site de Ducos, nous ne le remettrons plus en route, c’est fini.
Évidemment au Vanuatu, il faut que je trouve à vendre ma production ailleurs puisque Biscochoc était le plus gros client de notre exploitation sur place. Cela a également une double répercussion sur l’export puisque je venais de signer deux contrats avec la Chine et le Japon, soit environ 120 tonnes à l’export sur un volume auparavant de 450 tonnes. Ces contrats auraient dû représenter 25 % de plus de chiffre d’affaires qui viennent de tomber à l’eau. Pour les récupérer, ça va être compliqué car cela faisait trois ans qu’on se battait pour être présent sur ces marchés. C’est juste terrible.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/economie/politique/a-ce-stade-les-aides-annoncees-sont-tres-insuffisantes-par-rapport-au-desastre-economique
[2] https://www.lnc.nc/user/password
[3] https://www.lnc.nc/user/register
[4] https://www.lnc.nc/formulaire/contact?destinataire=abonnements