
"Plusieurs mesures proposées par le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement national apparaissent inappropriées et même dangereuses pour l’économie française, la croissance et l’emploi", a prévenu mercredi le Medef à la veille de l’audition de responsables des principaux partis en lice.
Cette mise en garde de l’organisation patronale, qui compte 200 000 entreprises adhérentes employant 10 millions de personnes, est reprise dans un document détaillant ses "dix conditions pour la réussite économique de la France", à moins de deux semaines du premier tour des législatives. "Si ces programmes se concrétisaient en 2024 ou après", ils provoqueraient "des hausses d’impôts, […] le départ des investisseurs étrangers et des faillites massives d’entreprises, donc des destructions d’emplois", a-t-il estimé.
Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin, les promesses électorales se sont multipliées, au sein de la coalition de gauche du Nouveau Front populaire, au RN et même au sein de l’exécutif après de récentes promesses du Premier ministre Gabriel Attal en faveur du pouvoir d’achat.
Souvent dispendieuses ou sans financement clair, elles interviennent dans un contexte marqué par la "fragilité" des finances publiques, une conjoncture "très incertaine" et une "violente concurrence internationale", a rappelé le Medef.
Parmi les mesures décriées, le patronat a cité pêle-mêle la volonté d’abroger la réforme des retraites, l’indexation automatique des salaires sur l’inflation, le Smic à 1 600 euros net mensuels, le blocage des prix ou encore la baisse de la TVA sur les produits énergétiques.
"Aucun de nos partenaires européens ne suivrait la France dans cette démarche isolée et à contrecourant de toute rationalité économique alors même que nous avons besoin de cohérence, de stabilité et de confiance", selon le Medef.
La situation inquiète d’autant plus en France que la semaine dernière les taux d’emprunt de la deuxième économie européenne ont subitement augmenté et la place financière de Paris a chuté sous l’effet de l’instabilité causée par la dissolution, et le risque de blocages institutionnels après les élections.
Dans un entretien au Figaro, le président du Medef, Patrick Martin, a déploré que le programme du RN "nous couperait de l’Union européenne". Quand à celui du Nouveau Front populaire, il "contient des chiffons rouges absolus pour les chefs d’entreprise", a-t-il relevé, estimant à 200 milliards d’euros par an les dépenses publiques supplémentaires qu’il entraînerait.
Dans le document, le Medef a insisté sur la nécessité de réformes économiques (poursuites des baisses d’impôts et des cotisations, choc de simplification industrielle, etc.), dans un climat de "dialogue social" et de plein engagement envers le projet européen. Il demande aussi le rétablissement des finances publiques, un "plan massif" en faveur de l’innovation et un soutien à la formation.
"Le vote du 7 juillet ne doit pas conduire à ce que des crises économiques, sociales, financières et budgétaires s’ajoutent à la crise politique que connaît notre pays", a-t-il insisté.
Lundi, dans une rare prise de parole publique, l’Afep, qui réunit les 117 plus grandes entreprises françaises, avait mis en garde contre un "risque majeur" de "décrochage durable" de l’économie française et européenne selon l’issue des élections législatives anticipées en France, appelant les partis politiques à la "responsabilité budgétaire".