
Les rayons de soleil filtrent au travers de la fumée qui se dégage encore des décombres de l’école Baptiste-Gustin, au nord de la commune de Païta. C’était la plus récente de la ville, et comptait 293 élèves de maternelle. Ce matin très tôt, une partie de l’établissement scolaire a été détruite par les flammes. "J’ai devant moi un spectacle que je ne peux pas qualifier, exprime douloureusement Marilyne D’Arcangelo, maire de Païta. C’est incompréhensible ! J’ai la rage. Comment peut-on punir des enfants ?" Quatre salles de classe, quatre interclasses, deux salles de sieste et deux salles de motricité ont été détruites, malgré l’intervention des pompiers à l’aube. "Nous avons eu des difficultés à sortir du village ce matin pour intervenir, déplore le major Steeve Slamat. Il y avait un barrage à Ondémia, un autre à Karikouié, nous avons dû passer dans les lotissements pour nous rendre sur place."

Alors que les pompiers interviennent encore sur l’établissement, le personnel et des parents d’élèves sont déjà à pied d’œuvre pour déménager le matériel épargné. "Nous constatons une grande solidarité des parents d’élèves, ils nous aident à déménager l’école pour sauver ce que l’on peut", souligne la maire. Alors que la municipalité avait pris la décision de fermer les écoles jusqu’à demain, mercredi 26 juin, Marilyne D’Arcangelo doute d’une reprise potentielle à cette date. "Si ça repart cette nuit, on ne pourra pas ouvrir les écoles demain. Et il va falloir dispatcher les élèves de Baptiste-Gustin dans les autres écoles, mettre en place une aide psychologique, qu’est-ce qu’on va leur dire ? L’urgence, pour le moment, c’est de sauver ce que l’on peut."

Le village de Païta a été durement touché depuis le début des émeutes. Et d’autres bâtiments ont été incendiés dans la nuit du 24 au 25 juin. En face de l’école Baptiste-Gustin, le collège Louise-Michel a perdu sa salle des professeurs et une classe. Au centre du village, le bâtiment de Détachement spécial d’intervention de la gendarmerie nationale est entièrement parti en fumée. Cet incendie s’est propagé à la boutique solidaire de la Croix-Rouge. L’école Ohlen, voisine, a également été légèrement touchée par les flammes. "C’est tout un pâté de maisons, la Croix-Rouge, l’Arsapah (l’Association rencontre soutien aide aux personnes âgées et handicapées) l’Amicale des anciens combattants…", liste la maire. Si l’incendie a pu se propager autant, c’est que l’accès au centre du village a été compliqué pour les pompiers, "tout était bloqué, nous n’avons pas pu intervenir", explique Steeve Slamat.

Alors que le calme semble revenu ce matin, "un barrage est, à l’heure où nous parlons, toujours installé à Nogouta, précise Maryline D’Arcangelo. Le village est de nouveau isolé. Je ne sais même pas si on peut encore dire village… Il n’y a plus de commerces, plus de banques, plus d’agence OPT… Il n’y a plus rien." La mairie elle-même a été la cible de dégradations à deux reprises depuis le 13 mai.
