
C’est un vote à l’image de la fracture qui frappe le pays qui s’est joué dans la première circonscription, ce dimanche 30 juin, où la logique de bloc contre bloc s’est maintenue, et même renforcée, sans doute cristallisée par les émeutes et les tensions qui ont éclaté voilà plus d’un mois et demi sur le Caillou.
Ainsi, les candidats qui ont respectivement affiché une ligne dure loyaliste, pour Nicolas Metzdorf, et indépendantiste, pour Omayra Naisseline, ont tous deux réalisé de très bons scores dans leur fief électoral respectif, soit 39,8 % et 36,3 %. A eux seuls, ils ont réuni plus des trois quarts des suffrages exprimés (76,1 %).
Sans surprise, c’est à Nouméa que Nicolas Metzdorf a engendré la quasi-totalité de ses voix, en convainquant plus de la moitié des votants (53,77 %) et se positionne très loin devant sa concurrente indépendantiste qui réalise de rares percées dans quelques quartiers populaires, mais n’atteint pas la barre des 20 % (avec 17,3 % des suffrages exprimés). À l’inverse, Omayra Naisseline est plébiscitée chez elle, à Maré, raflant 94,42 % des voix et d’une manière générale sur les îles (89,90 % à Ouvéa ; 89 % à Lifou et 75 % à l’île des Pins). Le député en lice pour la première circonscription est, en revanche, quasiment inexistant sur ces territoires (avec moins de 1 % de suffrages exprimés), à l’exception de Kunié où Nicolas Metzdorf glane tout de même 7 % des bulletins exprimés.
Dans ce contexte, le réservoir de voix le plus important sera à aller chercher du côté de Calédonie ensemble qui n’a réuni que 10,3 % des suffrages. Un électorat traditionnellement non-indépendantiste qui devrait donc bénéficier en majorité au candidat de l’union des Loyalistes et du Rassemblement. Pour autant, le parti ne donne, ce dimanche soir, encore aucune consigne à ses partisans.
"Les scores absolument phénoménaux de ces deux candidats sont suffisamment spectaculaires pour que cela raconte quelque chose : les Calédoniens ont fait le choix de la radicalité, alors que nous faisions le pari inverse, à savoir celui d’une voix plus médiane", constate, amer, Philippe Dunoyer, qui perd donc son siège de député et se dit "très inquiet" pour l’avenir. "Les gens sont tellement désespérés dans cette période noire que nous traversons, qu’ils ne trouvent refuge que dans l’opposition à l’autre. Ce soir, je suis triste que les Calédoniens ne voient pas d’autre espoir."
Le report de voix s’annonce plus incertain du côté de la quatrième candidate Veylma Falaeo qui réunit presque 5 % d’électeurs, et dont le chef du parti l’Éveil océanien, Milakulo Tukumuli, arrivé en troisième position dans la seconde circonscription, ne donne pas encore de consigne de vote.