
La réunion d’information a tourné à la manifestation improvisée. Rassemblés par leur direction, mardi matin, les salariés, chauffeurs et propriétaires de bus du GIE Karuïa ont passé le reste de leur matinée sur le rond-point d’Autopoint, à Ducos, à deux pas du dépôt de bus. L’objet de leur mécontentement : le refus du Syndicat mixte des transports urbains (SMTU) de relancer la circulation sur le réseau, interrompue le 13 mai, et dont Karuïa est l’un des exploitants. "Pourquoi le SMTU ne laisse-t-il pas le transport reprendre ?", interroge le prospectus imprimé à la hâte et distribué par les chauffeurs aux automobilistes.
Le Syndicat, qui a par ailleurs pris la décision de mettre un terme à la délégation de service public le liant à Karuïa et à Carsud d’ici six moi [1]s, justifie le maintien de cette interruption par un manque de sécurité persistant et un mauvais état des routes. La direction de Karuïa affirme au contraire que la partie du réseau qu’elle exploite (Nouméa et Dumbéa-sur-Mer) a été épargnée et peut à nouveau recevoir des bus en circulation. "Nous avons proposé une reprise sur dix de nos quinze lignes", présente Joseph Saliga, président du GIE Karuïa. Une desserte "qui évite les zones à risque" et rétablit le service "pour à peu près l’ensemble de la population".

Les itinéraires pourraient toutefois être adaptés si des incidents venaient à se produire, assure le transporteur. "Ce qu’on propose, c’est un réseau évolutif, souligne Édouard Rentchler, directeur de Karuïa. Si des problèmes se posent on reculera, et au contraire, si des zones se libèrent on s’étendra."
Pour convaincre les membres décisionnaires du SMTU (la province Sud et les quatre communes de l’agglomération), le GIE a été jusqu’à proposer d’assumer entièrement le risque financier d’une telle reprise, sans contribution des collectivités, en appliquant un tarif unique de 350 francs le trajet. "Selon nos projections, ça pourrait fonctionner, affirme Édouard Rentchler. C’est un risque qu’il faut prendre, c’est inconcevable pour nous de ne pas rouler."

Le transporteur fait valoir son rôle de "service public essentiel", sans cacher le besoin des 240 membres du GIE – dont certains sont propriétaires d’un bus qu’ils remboursent – de reprendre le travail. "On subit cette situation, alors qu’on est prêt à prendre le risque de retourner sur la route et que ça ne leur coûte rien", s’agacent Thierry et Pascal, deux chauffeurs de Karuïa et propriétaires de leurs véhicules.
Mais pour Antoine Borius, directeur du SMTU, "la situation est encore trop fragile" pour envisager un retour des bus sur la route. "Les contrats ont été suspendus pour cause de force majeure, c’est une décision qui s’imposait à tout le monde", rappelle-t-il. Aujourd’hui, "la sécurité et le financement ne sont pas assurés", justifiant l’interruption du transport public jusqu’à nouvel ordre. Le Syndicat mixte a toutefois formulé une contre-proposition au GIE Karuïa : une reprise partielle sur quatre tronçons reliant Moselle à Nouville, Ducos, Nouméa Sud et Magenta Aérodrome. "Et les autres ? On oublie complètement les quartiers nord, réagit Édouard Rentchler. Si le but était de planter définitivement le réseau, on ne pourrait pas faire mieux."
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[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/transports/le-syndicat-mixte-des-transports-urbains-met-fin-a-la-delegation-de-service-public-de-carsud-et-karuia
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