
En quelques semaines, il est devenu un "hub" du sud de la Nouvelle-Calédonie. Un site qui brasse des milliers de personnes et des centaines de véhicules chaque jour. Où l’on embarque des passagers et on débarque de la nourriture. Depuis le début des violences le 13 mai et la fermeture de la RP1 à hauteur de Saint-Louis, l’embarcadère du Vallon-Dore, habituellement désert, s’est transformé en une plateforme essentielle aux déplacements et au réapprovisionnement des 14 000 habitants isolés du reste de l’agglomération. Une situation qui apporte son lot de dangers. Car le site n’a jamais été dimensionné pour encaisser une telle fréquentation.
Environ 4 000 passagers empruntent quotidiennement les navettes mises en place par l’État et la province Sud. Aux heures de pointe, entre le stationnement sauvage, les éventuels déchargements de marchandise et la longue file d’attente sur le ponton, on frôle l’anarchie. "Le défi, c’est la gestion des flux", reconnaît le lieutenant-colonel Noël Ecochard. Le sapeur-pompier professionnel est arrivé il y a un mois de l’Hexagone, avec comme mission principale d’assurer la sécurité et l’organisation des trois sites d’embarquement (Vallon-Dore, Boulari et port Moselle).

Et c’est bien celui du Vallon-Dore qui pose le plus de difficultés, en particulier aux heures de pointe, entre 6h30 et 8h30, qui représentent environ 25 % du flux de la journée. "Ce qui est délicat, c’est la présence de publics différents sur un même site : on a les passagers dans l’attente de leurs navettes, mais aussi les élèves de l’école, les lycéens accueillis à la salle des communautés, les exposants du marché…" Pas évident d’orchestrer l’ensemble.
"On réfléchit entre collectivités pour optimiser l’organisation de ce site et arriver à la meilleure configuration possible", signale Grégory Lecru, commissaire délégué à la province Sud.
Une trentaine de mesures ont été envisagées pour améliorer une sécurité difficile à assurer, malgré la présence d’une douzaine de gendarmes et de pompiers sur site sept jours sur sept. La principale disposition vise à créer une "zone de filtrage" en amont du ponton, pour éviter un trop grand nombre de passagers en attente sur le quai d’embarquement. Les risques d’une telle présence à proximité de l’eau sont nombreux (chutes, noyades…), amplifiés par le ballet incessant des bateaux à moteur. Il y a quelques jours, une barge de fret a transpercé les retenues métalliques du quai où attendent les passagers, sans faire de blessés.

Des tentes de l’armée ont ainsi fait leur apparition, mercredi, devant l’entrée de la salle des communautés. L’espace doit devenir le nouveau lieu d’accueil des passagers en attente, qui seront désormais protégés de la pluie comme du soleil. Le ponton, lui, servira uniquement à un embarquement immédiat pour des usagers ayant déjà validé leur présence à bord. Les autorités accentuent également la chasse aux navettes de particuliers. "Elles posent problème car c’est un flux qu’on ne contrôle pas, avec des personnes qui passent devant tout le monde et des bateaux qui prennent la place des navettes affrétées, donc on leur demande d’embarquer ailleurs", explique le lieutenant-colonel Noël Ecochard.
À terme, l’objectif est de développer un système de réservation en ligne. "C’est une amélioration majeure sur laquelle on travaille", confirme le sapeur-pompier. Un moyen d’anticiper davantage la fréquentation et de limiter l’attente devant l’embarcadère.
