"Est-ce qu’on a besoin de deux compagnies aériennes ? […] Nous n’avons plus les moyens de soutenir le système calédonien tel qu’il est, nous devons le transformer". Cette phrase, signée du membre du gouvernement Christopher Gygès lors de la présentation du plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction (S2R) [1] du pays, en dit long sur les évolutions auxquelles devraient faire face, à l’avenir, Aircal et Aircalin, toutes deux frappées de plein fouet par la crise.

À ce sujet, le directeur général de la compagnie à l’hibiscus préfère au terme de fusion, celui de "rapprochement". Interrogé lors de la conférence de presse de présentation de la future ligne Nouméa-Paris via Bangkok [3], Georges Selefen a confirmé que ses équipes travaillent actuellement en ce sens avec celles d’Air Calédonie. "Nos actionnaires, via le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, nous ont officiellement saisis afin que l’on mène une réflexion sur les synergies et les rapprochements potentiels que l’on peut avoir en vue de présenter un plan d’ici la fin de l’année."

Un premier pas en ce sens vient d’ailleurs symboliquement d’être franchi. Ce lundi 9 septembre, Air Calédonie a annoncé l’ouverture d’une nouvelle ligne aérienne régionale, en coopération avec Aircalin, à destination de Port-Vila, au Vanuatu [5], à partir du 3 octobre. Ce sera donc un ATR 72-600 (et non plus un airbus), qui s’envolera au départ de l’aéroport international de La Tontouta et marquera ainsi le début d’un programme régulier qui prévoit deux rotations hebdomadaires, les lundis et jeudis.

De quoi permettre à Aircal, contrainte de se séparer d’un tiers de ses effectifs, de diversifier son activité. Une opportunité jugée "vitale" par son directeur Daniel Hombouy, afin de "conserver un niveau d’activité nécessaire à la survie de la compagnie".

"Une démarche gagnant-gagnant"

Quant à Aircalin, cette stratégie permettra à la compagnie de proposer son deuxième A320 néo (actuellement en réparation à Singapour) à la location pour des compagnies étrangères sur des vols régionaux dès la fin de l’année. "Cette décision permet de réamorcer la ligne dans une démarche gagnant-gagnant pour nos deux compagnies", estime de son côté Georges Selefen, qui juge bon de préciser qu’Aircalin pourra de nouveau se positionner sur cette destination, lorsque le flux de passager sera revenu à la normale.