
La "colère" et la "déception" sont palpables dans les rangs de Générations NC qui juge plus qu'"insuffisants" les engagements du ministre des Outre-mer, après sa visite du 16 au 19 octobre, sur le Caillou [1]. Et ce, alors que François-Noël Buffet "connaissait très bien la situation dans laquelle nous sommes, avec une baisse de 25 % de PIB, qui correspond à un PIB d’après-guerre. Pour autant, il n’a pas fait d’annonces à la hauteur des enjeux", martèle Nina Julié, la porte-parole du mouvement, particulièrement inquiète pour les communes qui "sont dans une urgence financière absolue et risquent, sans une aide, de passer sous tutelle de l’État", faute de pouvoir boucler un budget 2025 à l’équilibre.
Dans le viseur du mouvement : l’absence d’engagement concernant une augmentation de la Dotation globale de fonctionnement (DGF) de l’État pour l’année prochaine, afin de compenser la chute des recettes fiscales habituellement reversées par la Nouvelle-Calédonie. Pour rappel, les communes affichent déjà une baisse de près de 25 % de leurs finances de fonctionnement rien que pour l’année en cours, soit un trou de plus de 4 milliards de francs.
À titre d’exemple, ce manque à gagner, de près de 100 millions pour La Foa, a conduit la mairie à opérer des choix délicats et à négocier une baisse du temps de travail des agents et une diminution des indemnités (jusqu’à 50 %) des élus. En dépit de ces efforts, "on ne pourra qu’assurer la cantine et le transport jusqu’au 30 novembre. Donc, cela a aussi un effet négatif sur notre politique jeunesse puisque pendant les 15 derniers jours de l’année, des enfants n’iront pas dans leurs établissements scolaires. Et c’est grave quand on sait le nombre de jours d’école qu’ils ont déjà manqué au cours de l’année", annonce la maire Florence Rolland, pour qui une mise sous tutelle de la commune serait "catastrophique". "Pour la préparation du budget 2025, que l’on doit avoir fini d’ici fin novembre, on nous annonce une baisse de nos dotations de 40 % à 60 %, ce qui, dans ces conditions, est une utopie. Or une mise sous tutelle impliquerait que la Chambre territoriale des comptes et l’État viennent gérer notre commune et fassent des coupes drastiques sans sentiment, ni ressentiment. Aujourd’hui, c’est un risque réel".
C’est pourquoi Générations NC "attend" du ministre des Outre-mer "des courriers plus concrets qui pourraient nous annoncer un versement de budget directement à ces collectivités", Nouméa en tête.
D’une manière générale, ces élus estiment que "seule une injection massive de fonds publics pourra éviter l’effondrement économique" de la Nouvelle-Calédonie. Autrement dit, "il est maintenant impératif que l’État aille au-delà des promesses et des paroles", insiste Nina Julié, pour qui "Il est crucial que les communes puissent à nouveau se projeter et retrouver confiance en l’avenir. La reconstruction de la Nouvelle-Calédonie doit être une priorité absolue, et cela passe par un engagement fort de l’État".
Si le mouvement compte sur le travail du député Nicolas Metzdorf, à Paris, pour faire avancer ces dossiers, [2] il devrait pouvoir également s’appuyer sur Florence Rolland, qui ambitionne d’être à la tête de l’Association des collectivités et des communes des Outre-mer (ACCD’OM), dont la Nouvelle-Calédonie doit prendre la présidence en 2025.
"Nous avons décidé avec des communes indépendantistes et des communes loyalistes de ne pas mener une politique de la chaise vide. Il a ainsi été proposé que j’aille prendre cette présidence afin qu’on puisse porter aussi la voix de la Nouvelle-Calédonie aux plus hautes strates décisionnelles nationales et qu’on puisse avoir l’appui d’autres élus des Outre-mer", explique la maire de La Foa qui devrait officiellement prendre ses fonctions en janvier prochain.
Le mouvement déplore par ailleurs "qu’aucune garantie" et "aucune annonce concrète" n’aient été faites par François-Noël Buffet au sujet de la sécurité, en particulier sur le nombre d’escadrons de gendarmerie qui resteront en Nouvelle-Calédonie. "La question se pose réellement parce qu’il y a la situation au Mont-Dore où l’ordre n’est toujours pas rétabli et où on n’a pour l’instant aucune solution pérenne pour assurer la sécurité des automobilistes sur la RP1, avec aucun engagement ferme ni à court, ni à long terme, insiste Nina Julié, pour le moins amère : On a choisi de rester français par trois fois et force est de constater qu’on n’est aujourd’hui pas protégés tant sur le plan financier que de la sécurité."
Quant à la forme de ce déplacement, la porte-parole du mouvement regrette également que le ministre ne se soit pas rendu au Mont-Dore et "n’a pas eu de mots pour les Calédoniens et pour les victimes des exactions. Il n’a pas dit toute la compassion qu’il pouvait avoir pour les Calédoniens. Psychologiquement, c’est décevant."
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/chomage-partiel-aides-financieres-avenir-institutionnel-quel-bilan-le-ministre-des-outre-mers-tire-t-il-de-sa-visite
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/nicolas-metzdorf-les-annonces-du-ministre-des-outre-mer-sont-trop-maigres-et-en-deca-des-attentes
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