
Avant de prendre l’avion pour une mission de concertation de trois jours en Nouvelle-Calédonie, le président du Sénat Gérard Larcher et la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet ont répondu à nos confrères du Monde. Dans cet entretien publié samedi, ils appellent à ne pas se concentrer uniquement sur la question politique, mais aussi à avancer sur la crise du nickel calédonien, poumon économique de l’archipel. "Tout est lié", il y a "une chance de parvenir à un règlement global", estime Yaël Braun-Pivet. La question de l’élargissement du corps électoral aux élections provinciales ne doit être qu"un élément de l’accord d’ensemble" qui doit être trouvé, abonde le président du Sénat.
"Nous sommes là pour aider avec humilité", ajoute-t-il. "Il faut une nouvelle méthode (… ) attention à vouloir forcer", les solutions doivent "être préparées en terre calédonienne", souligne-t-il, estimant qu’il est possible de trouver "un chemin pour aller vers une autonomie très poussée sans rupture de lien avec la république".
Le duo parlementaire a été chargé par le Premier ministre Michel Barnier de se rendre en Nouvelle-Calédonie pour renouer le dialogue institutionnel entre les camps loyaliste et indépendantiste sur le statut de l’île, toujours au point mort. Au programme de leur déplacement, trois jours de rencontres avec les forces politiques, économiques, les syndicats et d’autres acteurs calédoniens. [1]
Les émeutes historiques qui ont débuté en mai ont été déclenchées par la volonté de l’ancien gouvernement de faire adopter une réforme constitutionnelle ultrasensible sur l’élargissement du corps électoral, gelé depuis 2007, pour les élections provinciales. Depuis, la nouvelle coalition Barnier a abandonné la réforme et ces élections ont été reportées jusqu’en novembre 2025 au plus tard.
Une volonté assumée d’apaisement, alors que l’élargissement du corps électoral est vécu comme un coup de force par le camp indépendantiste, qui craint de voir le peuple autochtone kanak marginalisé. Mais les interrogations demeurent sur l’avenir institutionnel de l’archipel alors que trois référendums d’autodétermination prévus par les accords de Nouméa en 1998 se sont tenus depuis 2021, avec la victoire du "non" à l’indépendance.
La question de la reconstruction est aussi majeure. La facture des émeutes est évaluée à au moins 2,2 milliards d’euros (plus de 260 milliards de francs) par le gouvernement calédonien, soit 25 % du PIB du territoire.