
Du Nord au Sud en passant par les îles, la grande majorité des maires (26 sur 33) ont fait le déplacement au Congrès, ce mercredi après-midi, où ils ont été entendus pendant plus d’une heure par Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher. Un rendez-vous important pour ces collectivités souvent en premières lignes des exactions et des conséquences sociales qui touchent désormais l’ensemble de la population.
À l’issue de cet entretien, qui se tenait à huis clos, les édiles n’ont pas caché leur satisfaction, assurant parler d’une même voix : "Quelle que soit l’obédience politique à laquelle vous appartenez, il n’y a pas de différence entre un maire indépendantiste et un maire loyaliste. Nos problèmes sont les mêmes. Aujourd’hui, on a pu montrer qu’on était unis dans le sens où on aborde les choses exactement de la même manière", insiste Sonia Lagarde, la maire de Nouméa, qui rappelle l’importance d’associer davantage ces élus aux discussions sur l’avenir institutionnel. "On est tous d’accord pour trouver un accord. Si on a la sagesse de trouver cet accord, il ne faut pas nous laisser de côté. Les maires sont des acteurs de proximité, alors faisons en sorte de les écouter et de les mettre aussi autour d’une table. C’est une revendication sur laquelle nous sommes tous d’accord."
Des paroles qui font écho aux propos du président de l’Association française des maires de Nouvelle-Calédonie, Pascal Vittori : "Nous avons à peu près le même discours, parce que nous ne tenons pas un discours politique, mais un discours pragmatique afin d’être au service de nos populations, confirme le premier magistrat de Boulouparis. Ce que nous cherchons, ce sont des moyens financiers et des compétences également pour aider la population. Nous cherchons à être entendus et donc c’était important que ces hautes personnalités soient là pour nous écouter."
Sans grande surprise, les difficultés financières auxquelles font face les communes, exsangues depuis le 13 mai, ont également été au cœur de ces échanges avec Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher. Dont les élus attendent qu’ils contribuent à "porter la voix des communes calédoniennes" jusqu’à Paris où se joue actuellement le projet de loi de finances.
"On a aussi évoqué les problématiques de ressources, qui sont les nôtres aujourd’hui. Il ne faut pas oublier que ce sont surtout les communes qui donnent de l’emploi. Ce sont celles qui font des travaux. Tous les jours, on a des problèmes de routes à réparer, des problèmes d’assainissement, etc. Mais pour mener ces travaux, il faut de l’argent", martèle Sonia Lagarde, qui rentre d’un déplacement dans l’Hexagone, pour tenter de renflouer, via des aides de l’État, les caisses de ces collectivités.
Si les communes du Grand Nouméa ont, de loin, été les plus touchées par les dégâts des exactions, les conséquences financières se ressentent dans l’ensemble du pays, y compris dans les communes de Brousse, touchées par deux phénomènes distincts : la crise du nickel, notamment à Thio, mais aussi un retour significatif de populations qui vivaient jusqu’à présent dans l’agglomération.
"Nous payons aussi le prix de ces émeutes, avec certaines populations dont des élèves scolarisés dans le Grand Nouméa, sont retournés dans leur commune d’origine, explique Florentin Dedane, premier édile de Pouébo à la tête de l’Association des maires de Nouvelle-Calédonie. Dans la majorité de ces familles, il y a des personnes qui ont perdu leur emploi. Aujourd’hui, avec ce retour de population dans les communes de l’intérieur, les mairies doivent faire face aux difficultés pour le transport scolaire, pour trouver des places dans les écoles, etc. Rien qu’à Lifou par exemple, 500 enfants sont rentrés, ce qui est énorme."