
En 2023, l’État a poursuivi son engagement financier sur le Caillou avec des transferts financiers qui ont enregistré en légère hausse (+ 1 %) par rapport à 2022. Sans oublier une subvention exceptionnelle de 4,4 milliards de francs accordée en fin d’année. Au total, le poids de ces financements de l’État représente 16,34 % du PIB (produit intérieur brut) de la Nouvelle-Calédonie.
L’année 2023 se caractérise par une reprise de la dépense publique locale qui augmente de 8 % par rapport à 2022 (soit une hausse de 19 milliards de francs). Un rythme significativement plus élevé que l’inflation estimée à 1,7 % cette année-là, note la CTC. Les dépenses d’équipement ont d’ailleurs atteint leur niveau le plus haut depuis 2017 pour les collectivités locales, soit un investissement total record de plus de 20 milliards de francs (1,9 % du PIB). Un montant en hausse de 22 % par rapport à 2022.

Une dynamique qui n’est en revanche pas sans conséquences sur la trésorerie des institutions, qui se contracte de 32 % entre 2022 et 2023, "atteignant en fin d’année des niveaux préoccupants, notamment pour la Nouvelle-Calédonie", relève le rapport de la CTC. Les difficultés de trésorerie de la Nouvelle-Calédonie entraînent notamment des retards de versements aux autres collectivités, qui sont alors obligées de puiser dans leurs propres ressources. Faute de trésorerie, certaines collectivités comme la province des Îles allongent alors leurs délais de paiement, ce qui pénalise leurs fournisseurs mais aussi les comptes des régimes de protection sociale.
2023 a également été marquée par une bonne reprise des recettes fiscales. Ainsi, la fiscalité perçue par la Nouvelle-Calédonie a augmenté de 4,3 % et celle perçue par les communes de 11 %, entre 2022 et 2023. La hausse de la contribution calédonienne de solidarité (CSS) ainsi que "la bonne tenue de l’économie" expliquent en partie ces résultats.
La fiscalité reversée par la Nouvelle-Calédonie aux établissements publics, provinces et communes ainsi qu’à son budget propre a augmenté de 13 %, par rapport à 2022, atteignant près de 201 milliards de francs, soit un taux de pression fiscale de 19,66 %, en hausse de 0,83 point.
En revanche, les comptes sociaux et de santé connaissent toujours une "situation dégradée". Et, ce même si les produits de la Cafat augmentent de 5,3 % entre 2022 et 2023 grâce à une hausse de 8,3 % des cotisations sociales et de 10,5 % des contributions publiques. Les charges de la Cafat, elles, sont en hausse de 8 %. Dans ce contexte, le régime de l’assurance maladie maternité (Ruamm) est à nouveau en déficit en 2023 de près de 2,7 milliards de francs et le régime vieillesse de 4,5 milliards de francs.
La caisse locale des retraites (CLR), qui gère les pensions des fonctionnaires, est en déficit de fonctionnement pour la septième année consécutive, de plus d’un milliard de francs, sa trésorerie ayant diminué de 64 % depuis 2017.
Ces chiffres de 2023 sont évidemment à mettre en perspective avec les émeutes qui ont éclaté en mai 2024. Une crise dont le coût des dégâts est estimé à près de 265 milliards de francs, soit un quart du PIB.
Et bien que la CTC ne dispose pas de l'intégralité des données sur l'année, elle juge bon de préciser que les impacts sont "déjà visibles" sur les comptes publics pour la période de janvier à juin 2024. Les communes et les provinces ont vu leurs recettes réelles de fonctionnement diminuer de respectivement 41 et 44 % entre le 30 juin 2023 et le 30 juin 2024 alors que pour la Nouvelle-Calédonie, tous budgets confondus, la baisse atteint 56 %. Ces chiffres, pour le moins édifiants, devront en revanche encore être actualisés sur l'ensemble de l'exercice 2024.