
Alors que vient de se refermer à Paris le Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, nous avons demandé à quatre IA, Chat GPT, Grok (sa concurrente développée par Elon Musk et disponible sur X), la Française Mistral et la Chinoise Deepseek de "mettre en place un accord politique et de proposer un projet viable pour stabiliser la Nouvelle-Calédonie socialement, politiquement et économiquement pour les trente prochaines années". Puisque nos élus peinent à trouver une solution, l’IA peut-elle leur venir en aide ?
Chat GPT place en premier point la mise en place d’un forum de dialogue. Créer un espace de discussion regroupant tous les acteurs politiques, sociaux, et de la société civile. Objectif : rechercher des consensus pour éviter les conflits. L’IA la plus célèbre et la plus utilisée au monde préconise ensuite de décentraliser le pouvoir en offrant davantage d’autonomie aux institutions locales et de réviser la constitution pour établir un cadre clair aux compétences du pays. Développement des infrastructures, des communications et des services publics sont mis en avant pour "stimuler l’économie ainsi que le support à l’économie verte". Éducation et formation plus adaptées aux besoins du marché font partie des pistes proposées.
Chat GPT propose également un volet cohésion sociale axé autour de l’amélioration de l’accès aux services de santé et de programmes de réconciliation favorisant "la compréhension interculturelle et le rapprochement entre communautés". Dans le même ordre d’idée, l’identité culturelle kanak doit, selon le robot être soutenue et davantage intégrée au système éducatif.
Un comité de suivi serait chargé de surveiller l’application de ces accords en ajustant si besoin les politiques publiques.
Finalement, Chat GPT survole le sujet et ne propose pas de piste très originale.
Le "bot" de Twitter est plus méthodique. Il commence par une analyse de la situation : tensions politiques, inégalités sociales et nécessité de réconcilier les communautés. La dépendance de notre économie au nickel est mise en exergue, alors que ce secteur est absent du projet de son concurrent Chat GPT.
Grok invite ensuite à explorer la piste d’une autonomie élargie "ou d’une nouvelle forme de partenariat avec la France" et évoque aussi la nécessité de "réviser les listes électorales pour inclure plus de citoyens tout en respectant les droits des autochtones".
Les programmes de réconciliation et de dialogue ("forums inclusifs") pour apaiser les tensions et "favoriser une identité partagée" sont là aussi préconisés. Impliquer les citoyens à la construction d’un accord semble indispensable à Grok.
Elle nous conseille aussi d'"encourager des secteurs alternatifs au nickel, comme le tourisme durable, les énergies renouvelables, et l’agriculture."
Selon lui notre système fiscal doit être rendu plus juste et plus simple et la mobilisation de l’État pour la reconstruction reste nécessaire. Mais la France ne doit pas être le seul partenaire financier et technique, Grok nous invite à "explorer des partenariats avec les pays du Pacifique pour des projets économiques et culturels".
La aussi la création d’un comité de suivi pour ajuster les politiques publiques est mise en avant.
"Ce projet nécessite un engagement de longue haleine, de la transparence, et une volonté politique commune pour réussir. La stabilité de la Nouvelle-Calédonie ne peut être assurée qu’à travers un dialogue permanent et une adaptation continue des politiques aux réalités locales et mondiales", conclut l’IA.
L’intelligence artificielle française Mistral insiste également sur la nécessité de réconcilier les communautés en mettant en place une commission "pour aborder les griefs historiques" et d’organiser des forums réguliers où discuter des défis et des solutions.
Selon Mistral, il nous faudrait "renforcer la décentralisation pour permettre aux communautés locales de prendre des décisions qui les concernent directement".
C’est la seule à évoquer la lutte contre la corruption.
Le volet social est assez dense pour Mistral, qui incite à améliorer l’accès à une santé de qualité, notamment pour les femmes et les enfants, et à l’éducation en mettant l’accent sur "les zones rurales et les communautés marginalisées". Au niveau économique, Mistral ne se démarque pas de ses concurrents : tourisme durable, technologies vertes et agriculture bio font partie de ses préconisations. Elle nous invite par ailleurs à nous tourner vers des partenaires régionaux et des organisations internationales pour attirer des investisseurs.
Mistral fait en revanche la part belle à l’environnement, auquel elle consacre un large chapitre : la gestion de nos ressources naturelles et la protection de notre biodiversité lui semblent essentielles. Elle évoque également largement l’adaptation au changement climatique et notre nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces politiques devraient là aussi être suivies régulièrement et ajustées si besoin. Dans le projet Mistral, les citoyens devraient davantage prendre part aux débats politiques, au travers de consultations publiques.
La nouvelle venue sur la scène des intelligences artificielles, la Chinoise Deepseek met l’accent sur un accord politique "respectueux des aspirations de toutes les communautés". Là où les autres IA parlent d’autochtones, Deepseek est la seule à utiliser le terme "Kanak" et à évoquer les coutumiers.
Comme ses cousines virtuelles, elle entame par la mise en place d’un "conseil du dialogue permanent", une instance de médiation et de concertation pour prévenir les tensions.
L’utilisation de ces termes pourrait laisser penser que l’IA chinoise est mieux documentée sur la Caillou que les autres IA, mais Deepseek nous propose de renforcer l’autonomie du Caillou en "transférant des compétences supplémentaires : éducation, santé, environnement…" Or, ces compétences sont déjà celles du gouvernement calédonien.
La culture et les langues kanak devraient selon Deepseek être davantage intégrées dans les institutions, l’éducation et les médias.
Le volet social est aussi assez largement développé, avec des programmes de lutte contre les inégalités sociales et des programmes de lutte contre la pauvreté, l’exclusion et la discrimination afin de favoriser le vivre ensemble.
À noter que seules Deepsekk et Grok évoquent le nickel et la nécessité de réduire notre dépendance à cette ressource. Elle nous conseille de la gérer de manière plus responsable pour "minimiser son impact environnemental et maximiser les retombées économiques locales".
Si les liens avec la France doivent être maintenus par "un partenariat solide" garantissant un soutien financier, technique et institutionnel, l’IA chinoise préconise de mieux intégrer la Calédonie dans la région Pacifique en développant des coopérations avec nos voisins (Australie, Nouvelle-Zélande, Fidji, etc.) et d’en faire un "acteur clé dans les enjeux régionaux (climat, biodiversité, développement durable)".
Sa stratégie : un plan de développement durable sur trente ans en créant un fonds de financement abondé localement, nationalement et internationalement.
Un projet qui "repose sur un équilibre entre autonomie et coopération, entre tradition et modernité, et entre développement économique et préservation de l’environnement".

Bien que les IA partagent des principes de base similaires, elles diffèrent considérablement dans leur architecture, leurs sources de données, leurs techniques de traitement du langage et leurs approches éthiques. Ces différences expliquent pourquoi les réponses peuvent varier d’une IA à l’autre.