
La création de Click & Mouv' s’est inspirée du modèle islandais et de la politique menée par le professeur Harvey Milkman, venu plusieurs fois en Nouvelle-Calédonie. Ce dernier a favorisé dans son pays le développement d’activités sportives et créatives afin de prévenir les addictions chez les jeunes. "Ils avaient des consommations de produits stupéfiants très importantes et, en une quinzaine d’années, ils sont devenus un modèle grâce à ces politiques. Puisque ça marchait là-bas, on a voulu le faire ici", développe Gil Brial, 2e vice-président de la collectivité en charge de la jeunesse.
Le dispositif s’inscrit dans la "stratégie jeunesse" provinciale et suit le rapport Bien dans mes claquettes – qui concernait l’ensemble des élèves de troisième de la province – rendu en février 2023, selon lequel 43 % des jeunes ne font pas d’activité. Le constat était "qu’une partie de la jeunesse, sur laquelle on a finalement peu d’emprise, reste sur le bord du chemin, consomme de l’alcool et des drogues". Click & Mouv' va ainsi leur donner accès à des activités "où ils vont pouvoir s’éclater, avoir leur décharge d’adrénaline, plutôt qu’aller le faire avec la bande de copains, de manière désorganisée et pénalisante pour la société"; poursuit l’élu.

Visiblement, la recette a pris ici aussi. Un "succès lié d’abord aux organismes partenaires", insiste Gil Brial, qui proposent des activités que le jeune peut choisir grâce à son portefeuille numérique doté de 15 000 francs par an. Concrètement, le dispositif se décline sous forme de portail web et d’application mobile et est accessible à tous.
La nouveauté cette année ? L’outil est élargi aux enfants âgés de 5 à10 ans, qui peuvent désormais en bénéficier pour le dépenser pendant les périodes de vacances scolaires dans les centres de vacances ou de loisirs déclarés à la province Sud. "On a beaucoup de demandes de parents, de familles monoparentales qui travaillaient et avaient besoin de pouvoir placer leur enfant dans des activités ludiques, éducatives."
L’idée est d’abord de découvrir différentes pratiques. "Il est possible de faire de la guitare, puis après du judo ou de la voile, parce qu’on ne sait pas tout de suite ce qu’on a envie de faire, et de se décider après." La Maison bleue veut poursuivre cet objectif. "Il ne faut pas arrêter notre politique jeunesse, estime l’élu. Elle est contrainte, mais prioritaire. Occuper les jeunes pendant les vacances, les week-ends et les soirées est un vrai besoin."

La section judo de l’ASPTT, partenaire de Click & Mouv' depuis la première édition, a constaté les effets sur la fréquentation. "On a beaucoup de personnes entre 11 et 17 ans, qui n’ont pas forcément les moyens de se payer des cours de judo, et arrêtent parce qu’il faut sortir de l’argent. L’année dernière, on a eu plus de jeunes qui se sont inscrits grâce à la carte. C’est un moyen d’accéder directement à une activité sportive", témoigne Abédias Trindade De Abreu, entraîneur au club. Et avec la crise, le nombre de demandes pour savoir si l’association accepte le dispositif a augmenté, poursuit l’ancien sportif de haut niveau. "On a eu moins d’inscriptions en début d’année, ce qui est plutôt normal avec la crise. On espère que le Click & Mouv' aide, et puis on propose des facilités, si les jeunes n’ont pas les moyens, mais qu’ils veulent vraiment s’investir."

TROIS QUESTIONS À… Gil Brial, 2e vice-président de la province Sud en charge de la jeunesse
On avait deux dispositifs, dont celui qui aidait les boursiers, Vacances pour tous. On a décidé de l’éteindre et de rassembler les deux budgets. Et finalement, ce qui était utilisé via Vacances pour tous à l’époque l’est maintenant via Click & Mouv'. Il y a toujours l’accès à ces 15 000 francs qui permettent d’avoir une semaine en centre de vacances.
C’était un peu plus, mais en fonction des activités. Donc, pour certaines, c’était un peu moins. L’objectif, c’est de mutualiser les moyens et d’avoir une seule porte d’entrée. Maintenant, on considère que c’est Click & Mouv' qui doit être la porte d’entrée aux accès aux centres de vacances et aux activités sportives, artistiques et culturelles.
Ce point a été abordé lors des débats budgétaires à l’assemblée de la province, le fait de privilégier Click & Mouv', et une élue de Thio a fait remarquer que depuis sa mise en place, il y a de nouveau des activités pour les enfants sur la commune qui n’existaient pas. Cela a redynamisé le tissu associatif dans certaines villes. Il y a eu des activités également à Yaté. L’objectif, c’est d’accompagner les organismes adhérents dans leur développement et les aider à proposer des activités qui intéressent les jeunes.
Nous avons un accord avec les établissements scolaires, puisqu’ils sont chargés de distribuer les cartes. Les jeunes peuvent réserver en utilisant le matériel informatique des collèges, où venir à la direction des sports et de la culture, nous pouvons mettre des ordinateurs à disposition. Il y a également les dispositifs de proximité des communes. Le portefeuille numérique via l’application est la plus forte utilisation. Mais, des dispositifs permettent de le faire via des impressions papier pour pouvoir travailler avec les organismes. Il y a toujours une prise en charge. C’est l’objectif, que l’ensemble des jeunes profitent des activités, même ceux en rupture avec l’informatique.
2023 : 6 625 jeunes ont profité du porte-monnaie numérique pour un montant de 81 millions de francs de recettes pour les 275 organismes partenaires adhérents au dispositif. Cette première saison est ouverte aux 15 000 jeunes de 11 à 15 ans recensés en province Sud, puis aux 18 000 de 5 à 10 ans pendant les grandes vacances, indique la collectivité.
2024 : 4 733 jeunes en ont bénéficié en 3 mois pour 36 millions de francs pour 348 organismes partenaires. L'offre s'étend aux 16-17 ans, avant d'être stoppée par les émeutes.
2025 : 241 millions sont budgétés par la province pour Click & Mouv'.