
Contrairement à ce que demandent les membres du Rassemblement et des Loyalistes [1], le Rassemblement national (RN) estime que la mise en place d’un statut définitif pour la Nouvelle-Calédonie, à l’issue des phases de négociation sur l’avenir institutionnel, est "très improbable". Et ce, au vu des fractures profondes qui opposent encore les partisans de la France et les indépendantistes.
Si Alain Descombels, le président de l’antenne locale du parti, salue "l’esprit d’ouverture" qu’a apporté le ministre de l’Outre-mer "socialiste mais républicain" Manuel Valls, ce chef d’entreprises est convaincu que le pays "est loin" de parvenir à un compromis politique global entre les différentes forces politiques.
Le RN, qui assure que la Nouvelle-Calédonie fait partie (avec Mayotte) des dossiers ultramarins "prioritaires" de Marine Le Pen, propose que cette séquence de discussions avec l’État aboutisse au maintien d’un statut provisoire du pays pendant une période d’environ 30 ans. Un statu quo en quelque sorte, qui acterait une large autonomie mais dans la France, afin de donner au pays le temps "de retrouver la prospérité" en permettant notamment d’attirer de nouveau les investisseurs afin de relancer l’économie.
Cette période transitoire devrait veiller "à mieux intégrer" l’ensemble de la population en vue de gommer les inégalités, notamment dans le monde du travail. À l’issue de cette phase, un référendum serait à nouveau proposé autour de la question binaire du maintien dans la France ou de l’accession à l’indépendance. "D’une manière ou d’une autre, on en arrivera là, car si on adopte un statut définitif aujourd’hui, on va repartir à la bagarre comme l’an dernier, en est persuadé Alain Descombels. Quand Emmanuel Tjibaou dit qu’ils seront prêts dans cinq ans, c’est mentir. Non seulement les indépendantistes ne sont pas prêts, mais ce qu’ils exigent n’est pas concevable d’un point de vue économique et social. Cette période transitoire, c’est aussi donner une nouvelle chance au monde indépendantiste de se prendre en main pour être mieux intégré dans le monde économique calédonien."
Pour autant, le RN préfère lever d’éventuelles ambiguïtés, ses membres continueront de défendre la Calédonie française, "mais pas à n’importe quel prix". Dans son viseur, la proposition des loyalistes d'un fédéralisme territorial [2], contre laquelle est farouchement opposé le parti nationaliste.
Mais encore faudrait-il que ce parti, qui ne dispose d’aucun élu et dont le score n’a pas atteint la barre des 5 % lors des dernières législatives, pèse dans les négociations à venir [3]. Pour ce faire, Alain Descombels mise sur le poids de son parti au niveau national, avec pas moins de 124 députés à l’Assemblée (sur 577 sièges).
C’est sans doute la raison qui a conduit Manuel Valls, lors de son déplacement sur le Caillou [4], à accorder un entretien "de 45 minutes" à Alain Descombels, selon ses dires : "Avec notre nombre de députés, qui pourrait encore augmenter si de nouvelles élections législatives avaient lieu en juillet, le RN sera un acteur incontournable du dossier calédonien, lors des votes autour du futur statut ou du dégel du corps électoral, par exemple".
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/avenir-institutionnel-les-loyalistes-veulent-negocier-un-compromis-politique-dans-le-cadre-de-la-republique-francaise
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/avenir-institutionnel-les-loyalistes-plaident-pour-une-federation-territoriale
[3] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/le-rassemblement-national-veut-prendre-part-aux-discussions-sur-l-avenir-institutionnel
[4] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/que-retenir-du-deplacement-de-manuel-valls-en-nouvelle-caledonie
[5] https://www.lnc.nc/user/password
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