
France cricket ne s’y est pas trompée. Ce n’est pas un hasard si l’association française a choisi la Nouvelle-Calédonie pour organiser une compétition internationale, le tournoi des 4 nations de cricket dames, en collaboration avec le Comité national de cricket de Nouvelle-Calédonie (CNCNC). Il faut dire que le pays représente 4/5e des effectifs de joueuses en France, explique Marie-Hélène Konhu, secrétaire générale du CNCNC. "Nous sommes le seul territoire outre-mer à jouer au cricket et, en 2023, nous comptions près de 1 500 licenciées femmes ici pour 400 dans l’Hexagone." En prenant en compte les licenciés hommes, le ratio reste favorable à l’archipel, avec "2 600 licenciés ici pour 4 300 à l’échelle nationale", précise celle qui est également engagée au sein du club de Kwingnii espoir, à l’Île des Pins.
Depuis ce lundi 10 et jusqu’à vendredi 14 mars, le stade N’Du sera le théâtre de matchs d’un niveau rarement vu ici, avec des rencontres contre les équipes de Fidji, Samoa et Vanutu. Pour l’occasion, celle de la France sera composée à 100 % de joueuses calédoniennes. Une avancée majeure dans le développement du cricket féminin en Nouvelle-Calédonie. La discipline, importée par les missionnaires anglais vers le milieu du XIXe siècle, a été modelée et adaptée pour devenir le cricket traditionnel, retrace Marie-Hélène Konhu. Le sport s’est particulièrement implanté chez les femmes. "C’est convivial, familial, on peut amener les enfants, mais aussi le pratiquer partout, en robe popinée et à tout âge." Cela se voit sur le terrain : la sélection actuelle est intergénérationnelle, avec des joueuses de 17 à 47 ans. Surtout, le cricket a participé à l’émancipation des femmes "depuis soixante ans" qu’elles y jouent.
À N’Du, à Nouméa, toute cette semaine, les sportives calédoniennes pourront montrer la qualité de leur jeu à France cricket et autres pays du Pacifique. Une bonne nouvelle alors que les cagou n’ont pas disputé de compétition internationale depuis des années. Elles ont reçu, ces dix derniers jours avant la compétition, une aide technique de l’association, les règles du cricket traditionnel différant légèrement de celles du cricket international. Cela ne les empêchera pas de montrer "leur potentiel" et leur niveau, "qui est très bon", souligne Marie-Hélène Konhu.
Un accès au haut niveau positif, alors que le cricket est devenu discipline olympique en 2023. Ce tournoi des 4 nations, l’idée est "d’essayer de l’organiser chaque année" avec, en ligne de mire, les Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028 et surtout de Brisbane en 2032. Autres projets sur lequel planche le comité national ? La mise en place d’une formation sports études cricket en Australie, ainsi que la création "d’une fédération à part entière comme cela existe pour le football". Et qui sait, voir, un jour, peut-être, les meilleures joueuses calédoniennes intégrer les plus grandes équipes de la région, que ce soit en Australie ou à Fidji.
Mardi, le premier match a opposé le Vanuatu et les Samoa. L’équipe de France 100 % calédonienne jouera, elle, mardi, mercredi et jeudi matin à 8h30. Elle affrontera d’abord le Vanuatu. L’entrée est gratuite, ce qui donne l’occasion de "s’ouvrir à un autre public et peut-être de démocratiser davantage ce sport", espère Marie-Hélène Konhu.
À noter, enfin, que la compétition compte un parrain de taille, Antoine Kombouaré, figure emblématique du football, entraîneur du FC Nantes, ce qui "confère à cet événement une résonance encore plus forte", estime France cricket, et qui s’inscrit dans sa stratégie, à savoir "élargir la pratique et à professionnaliser davantage ce sport".

Le tournoi des quatre nations de cricket féminin a été présenté lors d’une conférence vendredi 7 mars en présence de Mickaël Forrest, membre du gouvernement en charge du sport. La compétition représente "une étape décisive pour les joueuses calédoniennes, car il s’agit de la première série de rencontres internationales visant à les inscrire dans une dynamique de performance en vue d’une participation aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028 et de Brisbane en 2032". Le gouvernement et le Comité national de cricket ont également signé un partenariat avec France cricket, afin de structurer la pratique du cricket traditionnel et à créer des passerelles avec le cricket international. Selon France cricket, la Nouvelle-Calédonie est "un territoire producteur de pépites", avec des joueuses qui "gagneraient à acquérir le statut de sportif de haut niveau".
En préfiguration, le gouvernement, France cricket et le Comité national de cricket de Nouvelle-Calédonie avaient signé une déclaration d’intention commune et une convention technique en mars 2024, afin de développer la discipline sur le territoire. Pour Mickaël Forrest, cette signature représentait "l’opportunité d’ouvrir une nouvelle page pour le cricket calédonien avec l’accompagnement de différents programmes, tant au niveau de la jeunesse, que des infrastructures et de la montée en compétences de tous les acteurs (sportifs, encadrants techniques, arbitres…)." Il s’agissait aussi de stimuler la pratique du cricket international dans les trois provinces, permettre la sélection de joueurs et de joueuses calédoniens au sein des équipes de France, et collaborer à l’entrée du cricket calédonien dans les instances internationales.