
"Le gouvernement australien ne tolérera aucune surveillance, harcèlement ou intimidation contre des individus ou des membres de leur famille ici en Australie", a déclaré un porte-parole de la ministre australienne des Affaires étrangères Penny Wong, après la diffusion de lettres anonymes offrant des récompenses en échange d’informations sur un militant pro-démocratie hongkongais vivant à Melbourne.
"Cela compromet notre souveraineté nationale ainsi que la sécurité et la sûreté des Australiens" et "nous exprimons directement nos préoccupations aux autorités chinoises et hongkongaises", a-t-il ajouté.
Kevin Yam, un avocat et militant pro-démocratie qui dispose également de la citoyenneté australienne, a été ciblé dans des lettres contenant sa photo et alléguant des infractions à la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong. Rapportées pour la première fois par le journal The Guardian, les lettres offrent une récompense de 1 million de dollars de Hong Kong (environ un million de francs CFP) à quiconque pourrait fournir des informations à son sujet ou pourrait "le conduire à Hong Kong ou à la police métropolitaine australienne".
Dans un message sur les réseaux sociaux, Kevin Yam a affirmé : "Je ne retournerai pas volontairement à Hong Kong tant qu’elle ne sera pas libre" et "ne me suiciderai pas".
Même si les lettres ne sont pas signées, elles demandent que des informations soient envoyées à une adresse e-mail de la police hongkongaise utilisée pour les signalements de personnes recherchées. Le gouvernement de la mégapole chinoise "n’émettra aucune lettre anonyme", a déclaré mardi un porte-parole du gouvernement local à l’AFP, invitant à vérifier "l’authenticité" des lettres reçues.
Les autorités hongkongaises se réservent toutefois le droit de poursuivre les suspects de nationalité étrangère conformément à la loi et "prendront toutes les mesures nécessaires", a-t-il ajouté.
"Les affaires de Hong Kong sont purement des affaires internes chinoises et ne tolèrent aucune ingérence de la part de puissances étrangères", a pour sa part déclaré la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Mao Ning.
Pékin "exhorte l’Australie à respecter sincèrement la souveraineté de la Chine […] et à créer des conditions et une atmosphère favorable au développement durable des relations sino-australiennes", a-t-elle ajouté. Selon des informations de presse, Kevin Yam est parti s’installer en Australie en 2022, après une répression accrue contre les militants pro-démocratie dans la mégapole chinoise.
En 2023, le chef de l’exécutif de Hong Kong, John Lee, avait appelé huit militants vivant à l’étranger, dont Kevin Yam, à se rendre pour avoir enfreint la loi sur la sécurité nationale. À l’époque, il avait promis une récompense de 1 million de dollars hongkongais en échange de toute information pouvant mener à leur arrestation, et avait enjoint les militants à se rendre sous peine de "passer leurs jours dans la peur".
Ces huit militants ont fui après que Pékin a instauré en 2020 une loi de sécurité nationale à Hong Kong, afin de réprimer la dissidence après les manifestations pro-démocratie de 2019, parfois violemment réprimées.