Une "indisponibilité temporaire". C’est ainsi que le département d’État américain – l’équivalent du ministère des Affaires étrangères à Washington – parle de la fermeture des services consulaires en Polynésie française, dans un communiqué repris par l’ambassade des États-Unis à Fidji. Une fermeture actée lundi 7 avril : d’après Polynésie la 1ere, un diplomate américain basé à Fidji s’était alors déplacé au fenua pour en informer l’agent consulaire local, Christopher Kozely, en poste depuis 20 ans. Ce dernier, actuellement absent du territoire pour des raisons familiales, confirme l’information par téléphone, mais ne souhaite pas s’étendre, à ce stade, sur cette décision du gouvernement américain.
Une décision brutale, inexpliquée à ce stade… mais pas entièrement inattendue. De nombreux consulats américains ont été fermés ces dernières semaines dans le monde – dont plusieurs dans des grandes métropoles françaises, malgré les protestations des citoyens américains installés sur place. Il s’agit d’une des nombreuses conséquences des coupes budgétaires lancées par l’administration Trump et par le " Doge " (Department of Government Efficiency) placé sous la houlette du milliardaire Elon Musk.
Ouverte en 2004, l’agence consulaire polynésienne assurait un rôle essentiel pour les citoyens américains installés ou de passage au fenua : aide au renouvellement des passeports, actes notariés, déclarations de naissance ou de décès, assistance en cas d’arrestation, d’hospitalisation ou de perte de documents… C’est cette agence qui avait aidé les touristes bloqués dans le pays durant la période Covid à trouver des solutions, qui était intervenue, plus récemment, lors des perturbations des vols intérieurs causés par la grève de la Fraap, qui servait de lien avec les autorités locales en cas de difficultés de plaisanciers américains de passage, ou lors d’escales de navires civils ou militaires des États-Unis.
L’agence avait comme " priorité absolue " de protéger la vie et de servir les intérêts des citoyens américains au fenua. Sans guichet local, les ressortissants devront désormais s’adresser aux représentations américaines les plus proches, notamment celle de Fidji. La disparition de ce relais consulaire, très rassurant pour les voyageurs américains qui constituent le gros de la clientèle des hôtels de luxe, pourrait avoir des conséquences sur les flux touristiques. Des conséquences aujourd’hui difficiles à mesurer. Mais dans le milieu patronal, aucun doute : cette fermeture est " une mauvaise nouvelle ", tant pour les ressortissants des États-Unis que pour la Polynésie.