
Samuel Hnepeune, en charge des affaires maritimes et des infrastructures, a présenté son plan pour faire du port autonome un "hub stratégique dans le Pacifique", "une plateforme avec un rayonnement régional", lors d’une conférence de presse ce mercredi 16 avril. Plusieurs chantiers sont annoncés. "Les gens attendent de la commande publique, facteur de relance", indique le membre du gouvernement.
La modernisation du terminal de commerce passe par l’agrandissement du quai et la réalisation du poste n° 8. Et après des années de travaux, le port serait enfin en train de voir le bout de ce chantier, démarré en 2017. La longueur du quai initiale, de 750 m, sera ainsi agrandie de 250 m, soit 1 km au total. De quoi recevoir davantage de porte-conteneurs et de plus imposants. Pour cela, l’infrastructure maritime doit encore débourser 1,5 milliard de francs entre 2025 et 2026, dont 1 milliard cette année et 500 millions l’an prochain.
Autre projet envisagé, la création d’un nouvel espace de logistique de 20 000 m2 destiné à accueillir deux quais supplémentaires et une plateforme dédiée. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) doit être étudié cette année.
Un travail de réorganisation des flux et d’automatisation du comptage des conteneurs, qui nécessite 150 millions de francs, est en cours. Une réflexion sur la tarification et les délais d’entreposage est également menée. "Nous sommes très loin des tarifs et des délais qui se pratiquent ailleurs, indique Samuel Hnepeune. L’idée est de permettre au port de générer de la recette et d’être moins dépendant de la Nouvelle-Calédonie et d’affectation de taxes."
Enfin, le renforcement de la sécurité, "conformément au statut d’opérateur d’importance vitale déclaré par les services de l’État", est doté d’une enveloppe de 300 millions de francs pour la mise à niveau.

Le marché de la croisière représente 2,6 milliards de francs de retombées économiques avec 130 touchers de bateau, affirme le membre du gouvernement. Le port souhaite donc "consolider" cette filière et accueillir davantage de paquebots, mais plus au même endroit. Alors que la majorité d’entre eux arrivent aujourd’hui dans la grande rade, ils entreraient, une fois les changements effectués, dans la petite rade. Des tests viennent d’être menés en Nouvelle-Zélande afin de vérifier quels navires pouvaient manœuvrer et accoster dans la petite rade. "En termes de taille, tout ce qui est en dessous de 350 m peut aller dans la petite rade. Ne rentrera dans la grande que tout ce qui est au-dessus."
Un choix lié à la volonté de réaménager la gare maritime Ferry et d’étendre les quais pour recevoir les croisiéristes "dans des conditions optimales" d’ici 2026. Coût estimé ? 400 millions de francs. À horizon 2028, un terminal de croisière moderne serait mis en service en petite rade. Une réflexion est en cours pour valoriser la zone, du musée aux pilotes maritimes, avec l’implantation de commerces et, "pourquoi pas, d’un club-house". Ce qui représenterait, en totalité, des "investissements colossaux, plus de 2,5 milliards".
D’après Samuel Hnepeune, le port serait sollicité par des bateaux scientifiques qui souhaiteraient être basés en Nouvelle-Calédonie (recherche océanographique, surveillance environnementale). L’élu a évoqué le cas du Michel Rocard, futur navire capable de naviguer dans les glaces de la Flotte océanographique française – opéré par l’Ifremer -, qui sera stationné, en partie, à Nouméa, et dont le rôle sera d’explorer le Pacifique et les pôles. D’autres types de bateaux seraient intéressés, à l’image des câbliers sous-marins. Le gouvernement serait en train d’instruire deux demandes. Parmi les objectifs visés : la croissance de la Bluetech (les technologies maritimes innovantes).
Muni de deux cales de halage de 200 et 1 000 tonnes, le port autonome projette de mettre sur pied une filière de maintenance – deux sujets mentionnés depuis de nombreuses années -, alors que les navires sont obligés d’opérer leur visite technique en Australie ou en Nouvelle-Zélande. Le Betico, par exemple, a procédé à son carénage quinquennal pour la première fois en Nouvelle-Calédonie en 2023. Le port veut aller plus loin et être capable de procéder à l’entretien de tout type de bateaux.

En outre, ces installations doivent servir à la déconstruction. Il serait question de plusieurs centaines de navires chaque année. Dans le viseur, également, le démantèlement des deux P400 des forces armées, qui pourraient être géré sur le territoire, ce qui serait une première en Outre-mer. Ce chantier pourrait générer entre 100 et 120 millions de francs de retombées économiques. Pour cela, le port a besoin de s’équiper : 200 millions de francs sont consacrés à l’aménagement d’une plateforme de traitement de 1 000 m2 d’ici le mois de septembre, financée en partie par l’État via les contrats de développement.
L’établissement portuaire prévoit aussi, cette année, le lancement d’un service de nettoyage de coques. "L’Australie et la Nouvelle-Zélande imposent aux bateaux qu’elle soit propre pour rentrer dans le pays", explique Samuel Hnepeune. Le volume serait de l’ordre d’une centaine de bateaux par an.
Enfin, Samuel Hnepeune compte plancher sur l’intégration de l’infrastructure dans la ville, afin de bâtir une interface "'ville-port' cohérente, fonctionnelle et accueillante". Un travail mené en partenariat avec la commune de Nouméa. Le réaménagement des flux passagers autour de la gare maritime Ferry et l’optimisation des espaces est budgété pour 35 millions de francs dès 2025. À plus long terme, le lancement du "Renaq" (raccordement électrique des navires à quai) est à l’étude, un projet d’envergure qui vise à réduire l’usage des moteurs en escale et donc des émissions polluantes, ce qui coûterait 1,5 milliard.