Un tarif unique pour le bus. C'est ce qu'a annoncé Jordy Chan, ministre des transports, en début de semaine. Une révolution, pour Tere Tahiti - le réseau de bus exploité sur l'île et sous délégation de service public par la société Réseau de transport en commun de Tahiti -, qui compte aujourd'hui 70 tarifs. Calculés en fonction de la distance, ils peuvent atteindre 450 francs par trajet.
À partir du 26 mai, le ticket prépayé s'affichera au tarif le moins cher de la grille, soit 150 francs, quel que soit l'arrêt de départ et d'arrivée. Ce prix, qui inclue deux heures d'interconnexion gratuite, sera même réduit à 110 francs pour les achats de billet par carnet de dix.
Cette décision témoigne, estime le ministre des transports, d'un effort de simplification et de "lisibilité du réseau", mais aussi de "lutte contre la vie chère" : les prix perdent entre 25 % pour les trajets dans la zone urbaine et 65 % pour les trajets Presqu'île - Papeete. Jordy Chan parle d'une mesure "d'équité sociale". "On constate que davantage de personnes qui habitent loin sont moins aisées. Donc cela lutte contre les inégalités."
Cette baisse tarifaire suffira-t-elle à faire préférer le bus aux Tahitiens ? Pas si sûr. De futures annonces sur la circulation des transports en commun - et donc sur des voies réservées, déjà en projet sur plusieurs axes entre Papeete et Arue - sont attendues, mais ce sont surtout les outils qui entourent le réseau de bus qui vont être modernisés, précise le ministre.
Tere Tahiti va en effet avoir le droit, là aussi dans le mois à venir, à un nouveau site internet et une nouvelle application, qui permettront de calculer des itinéraires en tenant compte des horaires précis de passage des bus, grâce à un système de géolocalisation. Ainsi, les passagers pourront acheter et utiliser dans les bus des titres de transports dématérialisés. "Aujourd'hui, pour acheter un ticket, il faut soit se rendre physiquement dans une des trois agences de l'île, soit aller sur le site internet pour l'acheter et l'imprimer. Demain, grâce aux nouveaux outils déployés, les usagers pourront utiliser directement leur titre de transport à travers leur smartphone dans le bus."
Cela implique un grand changement : les cartes prépayées n'auront plus cours au 26 mai et devront être échangées, avec transmission du solde sur le nouveau titre. Le système de gratuité est maintenu en l'état. Il faudra aussi s'habituer à ne plus payer à bord. Une campagne de communication est sur le point d'être lancée. La transition se fera pendant les vacances scolaires afin de limiter les impacts sur le réseau.
Pour Tere Tahiti, l'opération n'est pas neutre : la baisse de tarifs représente un manque à gagner important, qui sera en partie comblée, d'après le ministère, par les économies d'exploitation et la potentielle nouvelle clientèle. Le Pays a tout de même accepté de mettre la main à la poche : 150 millions de francs par an supplémentaires pour le RTCT, titulaire de la DSP, sans compter les aides à l'investissement dans les nouveaux outils numériques.