
Une "infrastructure flottante, non invasive, zéro pollution, sûre et autonome, multifonctionnelle, réaliste et modulable". C’est ainsi que l’ONG Civilisation indigo décrit son projet de Smart Offshore Ecosystem (SOE), ou écosystème offshore intelligent. Un projet "au très long terme", mais qui s’est déjà trouvé un point d’ancrage : Bora Bora et ses environs maritimes, le premier territoire d’expérimentation partenaire.
Le maire Gaston Tong Sang a signé il y a quelques semaines un protocole d’entente avec Civilisation indigo pour faire de la perle du Pacifique, la "commune support d’un projet futuriste". L’île est confrontée à des problématiques représentatives de bon nombre de territoires insulaires, telles que l’autosuffisance alimentaire et énergétique, l’eau douce, la compréhension et la préservation du patrimoine naturel et marin, l’amélioration du cadre de vie, ainsi que le développement socio-économique durable et la diversification économique. Les deux structures souhaitent comprendre "comment des territoires insulaires et maritimes menacés par le changement climatique peuvent se réinventer et transformer leurs contraintes en opportunités".
Dans un communiqué commun, l’ONG Civilisation indigo et la commune de Bora Bora expliquent que ce laboratoire du futur aurait vocation à être, dans un premier temps, un centre de recherche dédié aux sciences de la mer pour expérimenter et partager des solutions à impact positif : alimentation et énergies marines, habitat d’adaptation, biotechnologies, récif artificiel, carbone bleu. Le lieu serait aussi une station d’écotourisme scientifique marin et sous-marin, "en tant que levier de viabilité économique et d’éveil public international", une illustration de la culture polynésienne, ainsi qu’un écosystème circulaire d’activités naturelles.
Civilisation indigo, créée en 2023 par Frédéric Pons, a pour objet de préparer la vie au large et proposer des solutions pour "alléger la pression environnementale sur les côtes". L’ancien dirigeant du privé considère que la raréfaction de l’espace et des ressources terrestres vont pousser les hommes à entreprendre davantage sur les espaces marins, dont le potentiel, en matière d’alimentation ou d’énergie, est encore sous-exploité. Loin des côtes, "presque saturées", polluées et menacées par le changement climatique.
L’idée est de "vivre en symbiose avec les océans". Pas question, donc, d’y "reproduire les mêmes erreurs qui ont été commises à terre". Le président de l’ONG dit avoir commencé à s’entourer "d’experts de la mer" qualifiés dans "des disciplines variées". Ces "écosystèmes intelligents" ne sont pas finalisés sur le papier. L’ONG présente cependant des visuels sur son site internet qui, même s’ils ne représentent pas directement le projet développé avec Bora Bora, donnent un aperçu de ce à quoi ressemblerait une plateforme flottante.
Prochaine étape : construire une équipe et budgétiser. Ce n’est qu’une fois la première levée de fonds réalisée, entre le mois de mai et la fin de l’année, que la "phase 1" sera lancée. Une phase de "recherche appliquée" qui doit aboutir, un an et demi à deux ans plus tard, à un projet "modélisé" à présenter aux autorités, au public et aux investisseurs. Des fonds seront nécessaires pour passer à la phase 2, celle du prototype, qui pourrait naître en 2028, et dont le dimensionnement ou les matériaux restent à être précisés.
À terme, Frédéric Pons imagine une société d’économie mixte pour le déploiement final du projet, entre 2035 et 2050. Pour l’instant, il se soucie davantage de l’acceptation par le grand public, et les habitants de Bora en particulier, de ces grandes ambitions. "C’est pour ça qu’on a un programme très progressif, pour ne pas choquer, pour engager les gens plutôt que les effrayer", dit-il. Le temps de répondre aux nombreuses questions que ce projet ne manquera pas de soulever. Le maire Gaston Tong Sang promet de l’information et des consultations "à chaque stade".


