
Une foule de blouses blanches a envahi l’entrée du Médipôle, ce mardi 6 mai. Dès 7 heures, environ 300 soignants se sont mobilisés devant l’hôpital de Dumbéa pour crier leur mécontentement. "Hôpitaux désertés = patients en danger", pouvait-on lire parmi les pancartes brandies.

À l’appel de l’UT CFE-CGC, une partie des professionnels de santé du territoire s’est mise en grève pour dénoncer des conditions de travail très dégradées. Depuis les émeutes de mai 2024, la Nouvelle-Calédonie est confrontée à un exode important des soignants, qui a des répercussions sur la charge de travail de ceux toujours en poste. Le pays n’attire plus les médecins et les infirmiers, la faute à "un manque de reconnaissance", estime Antoine, infirmier en réanimation, qui se traduit par des rémunérations figées.
Depuis le Ségur de la santé, qui a permis de revaloriser les salaires des soignants de l’Hexagone, "ce n’est plus intéressant de venir en Nouvelle-Calédonie : on est moins bien payés et la vie est plus chère", poursuit l’infirmier.

"On reçoit des sages-femmes qui restent deux mois parce qu’elles se rendent bien compte qu’elles ont perdu en pouvoir d’achat", reprend Alice, une des 35 sages-femmes que compte le Médipôle, dont le compteur des heures de récupérations non prises dépasse les "8 000 heures". Les conséquences physiques et psychologiques se font ressentir depuis plusieurs mois déjà sur le personnel, alimentant ainsi la pénurie. "Il y a des soignants qui sont ici depuis longtemps et qui décident de partir", alerte Lavynia, infirmière en coronarographie et cardiologie.

La revalorisation des salaires et la reprise de l’ancienneté sont deux mesures défendues par les grévistes comme étant une solution aux difficultés d’attractivité et au besoin de reconnaissance du personnel en poste.
La réaction de l’exécutif n’a pas tardé. Dès 10 heures ce mardi, les représentants de l’UT CFE-CGC ont été reçus à la présidence du gouvernement.
Plus d’informations à venir.
S’ils n’entrent pas officiellement en grève, les soignants libéraux ont décidé de soutenir leurs collègues des dispensaires et des hôpitaux. La Fédération des professionnels de santé libéraux (FPLS) a appelé ses adhérents à porter un brassard noir en signe de solidarité. Ils sont invités à se photographier avec et à diffuser le cliché sur les réseaux sociaux.
"Ce brassard noir est un cri silencieux mais puissant. Il témoigne d’un ras-le-bol partagé entre tous les soignants du territoire. C’est un symbole de soutien, mais aussi d’impatience. Si rien ne bouge, c’est nous qui bougerons", témoigne, dans un communiqué, Xavier Delagneau, président du Syndicat des Chirurgiens-Dentistes (SCDNC) et membre du Conseil d’Administration de la FPLS. La Fédération attend des "gestes forts" de la part des pouvoirs publics, sans quoi elle pourrait également appeler à la grève.