
"Elles brûlent toutes les unes après les autres. C’est l’effet domino." Devant les décombres encore fumants, cette habitante de la deuxième Vallée-du-Tir peine encore à trouver les mots. Dimanche 18 mai, vers 3h30, une maison coloniale a de nouveau été la cible d’un incendie, dans la rue Paul-Bert, tristement réputée pour être devenue l’épicentre des habitations détruites depuis le déclenchement des émeutes. En pleine nuit, une vingtaine de pompiers ont ainsi été déployés, sous escorte des forces l’ordre, pour contenir le sinistre et surtout éviter qu’il ne se propage aux maisons attenantes. Une intervention musclée qui a duré plus de trois heures.

Fort heureusement, aucune victime n’est à déplorer dans cette bâtisse en bois abandonnée depuis quelques années. Avec la destruction de la "succession Curé-Abdelkader", dite maison "Desvignes", un nouveau pan du patrimoine historique du quartier [1] s’envole.
"Selon mes calculs, c’est la seizième habitation incendiée dans la zone. J’y vois quelque chose de politique, comme l’envie de faire disparaître toute trace du passé colonial de la Vallée-du-Tir, confie cette riveraine, chez qui ce nouvel incendie a ravivé les douloureux souvenirs du 13-Mai, encore tenaces. Quand j’ai vu les flammes, j’ai été tétanisée. Je ne parvenais même pas à appeler les pompiers. Toute l’angoisse des émeutes est remontée."
Un traumatisme, loin d’être enfoui, à en croire les résidents qui sont restés vivre dans ce quartier jugé "très anxiogène". "Cela s’est bien sûr calmé par rapport au 13-Mai, mais il y a encore beaucoup de violence et d’insultes, y compris des insultes racistes. Dès que je vois de la fumée, dès le moindre écobuage, je pense tout de suite à un nouvel incendie, confie cette Calédonienne, dont l’une des habitations est partie en fumée lors des émeutes. Il y a davantage de forces de l’ordre qui tournent désormais, ce qui est positif, mais on voit que malgré tout, ça n’empêche pas les maisons de brûler encore."