
Pourquoi des poissons se sont-ils échoués par milliers vers l’embouchure de la Yaté, entre le village et la tribu de Waho, ce lundi 26 mai ? Après la stupéfaction lors de cette découverte par les habitants, place aux investigations sur ce phénomène observé plus précisément à la sortie de la fausse Yaté. Une fois alertée, en fin d'après-midi, la province Sud, compétente en matière d’environnement, a immédiatement demandé à la gendarmerie de procéder à des prélèvements d’eau et de poissons sur place. Une partie de ces échantillons ont ainsi été conservés dans l’attente d’analyses complémentaires.
Ce mardi, deux gardes nature de la Maison bleue se sont également rendus sur place afin de poursuivre les investigations en effectuant notamment des prélèvements supplémentaires qui doivent être étudiés par le laboratoire de Nouvelle-Calédonie (LNC). Les résultats ne sont pas attendus avant vendredi au plus tôt.
Si certaines hypothèses peuvent être avancées, aucune de ces pistes ne peut être confirmée. Du moins à ce stade. Serait-ce lié à un lâcher d’eau du barrage qui aurait provoqué un choc thermique ? Il n’y en a pas eu selon les informations transmises par Enercal à la province Sud. Une fuite de l’usine de Prony ? "Ce n’est pas dans le sens des vents et des courants marins", réfute le service communication de la Maison bleue, qui juge bon de rappeler que de tels échouages de poissons ont déjà été relevés dans cette zone, notamment en 2015 et en 2016 [1]. "Il y a un historique à cet endroit-là. À l’époque, faute d’avoir décelé une cause dans les prélèvements, il avait été conclu à un problème de réchauffement de l’eau."
Si rien ne permet d’établir de corrélation à l’heure actuelle avec cette thèse, il est scientifiquement établi que le réchauffement des océans et les phénomènes de canicule marine, qui n’épargnent pas le Caillou [2], peuvent entraîner une surmortalité d’espèces, dont les poissons, ce qui peut provoquer des échouages massifs. "Ces canicules perturbent la production primaire de phytoplancton, ces microalgues à la base de la chaîne alimentaire, ce qui entraîne des perturbations à tous les niveaux jusqu’aux oiseaux marins qui peuvent succomber", explique Sophie Cravatte, océanographe-physicienne à l’IRD (Institut de recherche pour le développement), qui ne privilégie pas cette option pour le cas de Yaté. Il y a bien une canicule marine en cours depuis avril, mais elle se situe essentiellement au nord de la Nouvelle-Calédonie. Et, à première vue, cela me semble survenir tard dans l’année (en raison de la saison fraîche qui approche) pour qu’un tel phénomène puisse provoquer une mortalité aussi importante. Mais ce sera investigué. En tant que scientifiques, nous allons également nous pencher sur la question."
En parallèle de ces démarches, la gendarmerie de Yaté a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire, déclenchée à la demande du parquet.
Links
[1] https://www.lnc.nc/article/pays/environnement/les-analyses-ne-donnent-rien
[2] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/pacifique/environnement/pourquoi-doit-on-s-inquieter-des-canicules-marines-de-plus-en-plus-frequentes
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